Risque pays : Portugal

La production portugaise a augmenté de 4,9 % en 2021, légèrement en dessous de la moyenne de l'UE de 5,2 %. Si la France et l'Italie ont connu des croissances très robustes de respectivement 6,7 % et 6,3 % en 2021, elles n'ont pas encore rattrapé la baisse de production observée en 2020 (FR : -8,0 %, IT : -8,9 %). De même, l'Espagne, également très dépendante du tourisme, a progressé de 5,0 % en 2021 après la chute de -10,8 % de la production, mais ne devrait retrouver son niveau de production d'avant-crise qu'au début de 2023. En revanche, on s'attend à ce que le Portugal le fasse au cours du premier trimestre 2022. Contrairement à l'Espagne, qui fait face à une productivité structurellement faible et où les pertes d'emplois touchent de manière disproportionnée les travailleurs les plus vulnérables et les plus jeunes, le Portugal a retrouvé les niveaux d'emploi d'avant la crise, ce qui rend sa reprise plus robuste et durable.

Afin d'avoir une reprise durable, le Portugal doit remédier à ses vulnérabilités structurelles et s'attaquer aux risques financiers et budgétaires. Les faillites pourraient enfler après la suppression progressive des aides publiques, car une grande partie des entreprises portugaises sont petites, sous-capitalisées et vulnérables aux chocs économiques et financiers. À moyen terme, le Portugal doit se concentrer sur la création d'une stratégie d'assainissement budgétaire, intensifier la lutte contre la corruption, favoriser une transformation verte et accélérer le potentiel numérique pour stimuler la productivité et la croissance. Heureusement, la Next Generation EU offre l'opportunité de créer une voie à la réalisation de chacun de ces objectifs. Le but principal du plan de relance et de résilience est de réparer les dommages économiques et sociaux immédiats causés par la pandémie et nous nous attendons à ce qu'il ait un effet expansionniste dans les pays bénéficiaires. Les estimations les plus optimistes indiquent une croissance supplémentaire de 1,5 % de la production et un effet un peu plus marqué dans les pays à faible productivité tels que le Portugal et l'Espagne, soit peut-être le double de l'effet de l'ensemble de l'UE. Au-delà des investissements directs, les pays bénéficieront des retombées des flux commerciaux et des effets dans d'autres États membres.

Un facteur susceptible de contribuer à la croissance et à la confiance au Portugal est la continuité des politiques et l'efficacité du gouvernement. La stabilité politique est un progrès encourageant pour l'avenir du Portugal. Être capable de mettre en œuvre et d'équilibrer des politiques favorables à la croissance et les restrictions budgétaires auront un impact positif sur la croissance du pays. Le déficit public s'élève à 130 % du PIB, parmi les plus élevés de l'UE.

Le parti de centre-gauche au pouvoir a remporté la majorité absolue lors des élections législatives anticipées de début 2022. Cela devrait garantir la stabilité politique au cours des prochaines années et permettre la mise en œuvre efficace des fonds de l'UE. Le Portugal est bien classé par l'enquête Doing Business de la Banque mondiale sur la facilité des échanges transfrontaliers (1/190) et pour la résolution des insolvabilités (15/190). Néanmoins, le Portugal a également l'un des taux de productivité les plus bas de l'UE, ce qui pourrait peser sur la compétitivité du pays. En outre, la complexité du système fiscal, la médiocrité des infrastructures ferroviaires et le faible niveau de préparation technologique continuent de peser sur l'évaluation globale de l'environnement des affaires. L'accès au crédit reste également plus difficile (119/190) que dans les autres pays de l'OCDE (64,3), ce qui, combiné à un niveau élevé d'endettement privé (surtout dans le secteur des entreprises), représente un frein aux perspectives de reprise à moyen terme. Les risques pour le secteur bancaire comprennent non seulement ce niveau élevé d'endettement privé, mais également un niveau élevé de prêts non performants et une faible rentabilité.