La prévision financière,
clé de l'agilité des entreprises

09/11/2023
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L’environnement incertain et en évolution constante nécessite plus que jamais un pilotage fin de la trésorerie de la part des directions financières.

A propos de l'autrice

L’autrice couvre depuis quinze ans l’actualité économique pour différents médias nationaux. Elle est spécialisée dans les questions ayant trait à la vie des entreprises de tous les secteurs d’activité et toute taille, qu’il s’agisse de leurs projets de développement (export, diversification, innovation…), de la gestion de leurs ressources financières et humaines ou bien de l’impact des évolutions macroéconomiques sur leur activité.


Un bon capitaine sait interpréter les nuages à l’horizon afin de pouvoir tenir la barre par gros temps. Or, en transposant cette métaphore au monde économique, ces nuages n’ont pas cessé de s’amonceler ces quinze dernières années provoquant plusieurs violentes « tempêtes ». Cet environnement incertain et évoluant rapidement nécessite plus que jamais un pilotage très fin de la part des dirigeants et directions financières. Car seule une entreprise agile est capable de s'adapter rapidement, tout en conservant une continuité stratégique et opérationnelle.

Les évolutions inattendues de l’environnement économique ont été nombreuses : depuis 2007, neuf crises internationales graves et sans précédent dans l’histoire récente se sont produites. A commencer par la crise financière qui se mua en crise économique lorsque le marché du crédit s’arrêta après la faillite de Lehman Brothers, provoquant des défaillances d’entreprises, mais aussi des restructurations plus inattendues et massives de dettes publiques (Grèce, Italie, Irlande, Espagne…). Les révoltes dans les pays arabes en 2010, puis la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne en 2020 ont également affecté de nombreuses entreprises. Cette même année la crise sanitaire hors-norme, puis la forte augmentation des tensions géopolitiques ( Russie/Ukraine, Etats-Unis/Chine notamment), mais aussi les effets de plus en plus prononcés du changement climatique ont réussi à remettre en cause tout ce qui paraissait évident dans un monde mondialisé, que ce soient les délais d’approvisionnement ou bien les prix des matières premières. Enfin, si elle est de nature très différente des événements précédemment cités, la quête de sens au travail a également des répercussions très importantes pour toute entreprise.

Risque de défaillance

Ces crises successives ont des impacts sur la santé financière des entreprises. Ainsi, le nombre de défaillances était en hausse de 34% au second trimestre 2023. Faute de ressources pour faire face à leur dette à court terme, de nombreuses entreprises devraient voir baisser leur ratio de liquidité ces prochains mois. Selon les prévisions d’Allianz Trade, 59 000 entreprises pourraient ainsi devoir mettre la clé sous le paillasson cette année, « soit davantage que la moyenne historique ». Or, alors que la plupart des mesures exceptionnelles (chômage partiel, report du paiement des loyers et des factures, fonds de solidarité…) ont pris fin et que les taux bancaires remontent en flèche, cette tendance n’est pas près de s’inverser. « Les difficultés économiques engendrées par la crise ukrainienne, diminution de la croissance, crise énergétique et inflationniste, impact sur les marges, sont de nature à affecter les besoins et anticipations des entreprises avec des effets différenciés selon les secteurs d’activité et les situations spécifiques des entreprises », mettent en garde les auteurs de l’édition 2022 de l’Observatoire du financement des entreprises (publiée en juin 2023). Les études et baromètres disponibles soulignent de manière convergente et nuancée, l’émergence d’incertitudes de la part des dirigeants d’entreprise, de tensions sur les trésoreries, de risques d’accroissement des retards de paiement, d’impacts potentiels sur les investissements voire sur les transmissions d’entreprises. Les besoins d’anticipation, d’adaptation et d’accompagnement des entreprises (…) revêtent dans ce contexte de crises une acuité particulière qui impacte les entreprises elles-mêmes, leurs partenaires financiers, et l’écosystème entrepreneurial ».

D’après Allianz Trade, si les entreprises ont globalement réussi à relever leurs marges ces derniers mois, le pic de profitabilité pourrait être passé : le taux de marge moyen des entreprises non-financières européennes devrait en effet baisser de trois points cette année et s’établir à environ 38% fin 2023, soit en-dessous des niveaux pré-Covid. « Même si le prix des matières premières décélère et les chaînes d’approvisionnement se normalisent, les salaires devraient croître fortement au moins jusque début 2024 et la demande rester faible avec la transmission de la politique monétaire restrictive qui se poursuit. La persistance d’une faible demande et l’accroissement des stocks va de plus en plus limiter le pouvoir de fixation des prix des entreprises. Cela aura un impact négatif sur les marges des entreprises », prévoit Ana Boata, directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.

Se préparer aux imprévus

Pour pouvoir faire face aux vents contraires, mieux vaut disposer d’une solide quantité de fonds propres. Dans un monde aussi incertain, la trésorerie, soit de la liquidité immédiate, est plus que jamais le nerf de la guerre. La dégradation du ratio de liquidité signifie généralement un problème de trésorerie. Or, après plusieurs années d’abondance, elle peut subitement commencer à manquer. Parmi les origines les plus fréquentes d’un problème de trésorerie se trouvent, classiquement :

  • un chiffre d’affaires insuffisant,
  • des fonds de roulement trop faibles,
  • des charges trop élevées,
  • des délais de paiement trop longs
  • ou encore une mauvaise gestion des stocks.

Ce sont tous les événements imprévus - de nature très différente et variant en gravité entre la panne d’une machine à la faillite d’un fournisseur, une forte hausse des prix de matières premières ou encore une cyberattaque – qui sont les plus difficiles à imaginer et donc à anticiper.

Mieux vaut prévenir que guérir dit le dicton. Or, les dirigeants d’entreprise et les directeurs financiers ne perçoivent pas toujours clairement les signes qui devraient les alerter que leur entreprise est en situation de danger. Si la plupart d’entre eux ont une bonne vision de l’état de la trésorerie, c’est moins le cas de leur ratio de liquidité, cette capacité à convertir les actifs dits « circulants » en cash. En cas de besoin, certains peuvent l’être rapidement, tels que les stocks et les créances clients, tandis qu’il faut plusieurs semaines, voire mois pour vendre des biens d’équipements.

Simuler sa situation de liquidité et de solvabilité régulièrement

Pour connaître le véritable état de santé de son entreprise, le dirigeant ou directeur financier a intérêt à vérifier régulièrement la situation de solvabilité, la capacité à honorer ses dettes, mais aussi sa situation de liquidité, la capacité à couvrir ses échéances de paiement immédiates. Plus qu’un simple tableau de bord, le simulateur de liquidité proposé par Allianz Trade permet de modéliser différents scénarii multidimensionnels pour évaluer les liquidités et ainsi prendre conscience de l’impact que peuvent avoir différents facteurs externes sur le ratio de liquidité. A condition de mettre à jour régulièrement les différentes données macro-économiques et celles propres à l’entreprise (liquidités disponibles, coûts fixes, chiffre d’affaires…), ces simulations permettent de définir des pistes d’action à court, moyen et long terme, telles que le recours à une assurance-crédit pour sécuriser son développement commercial. Cela afin d’éviter les risques, mais aussi être en mesure de saisir les opportunités. « Nous avons la conviction qu’il faut toujours avoir de la trésorerie disponible pour investir avec une vision de long terme. Ainsi, nous avons pu et osé acheter des composants pour les stocker alors que nous étions au tout début de la crise sanitaire. Cela nous a permis de gagner des parts de marché dans un environnement très complexe », explique Bruno Bouygues, directeur général de GYS, dont les produits sont vendus dans une centaine de pays. Pour pouvoir prendre la mer par gros temps et arriver à bon port, un capitaine doit s’assurer avant tout du bon état de son bateau et de son équipage.