La concurrence des véhicules électriques chinois pourrait coûter -24 Mds EUR par an au secteur automobile européen d’ici 2030

09/05/2023
L’industrie automobile européenne est-elle prête à affronter la concurrence chinoise concernant la transition vers les véhicules électriques ? Dans leur dernière étude, les experts Allianz Trade se sont penchés sur la question. Et visiblement, même si la dynamique européenne est bonne, le retard accumulé sur la Chine est (trop) conséquent.

Les ventes européennes de véhicules électriques en pleine croissance

La transition vers les véhicules à batterie électrique rebat totalement les cartes de l’industrie automobile européenne. Les ventes de véhicules à énergie alternative ont atteint un niveau record de 4,4 millions d’unités en 2022, soit près de la moitié des immatriculations de véhicules neufs. Les véhicules à batteries électriques (VBE) mènent la danse, avec des ventes en croissance de +28%, et représentant 12% des immatriculations de véhicules neufs.

« A l’approche de la disparition des véhicules à moteurs thermiques, prévue pour 2035, le secteur automobile européen entame un virage décisif. Il doit repenser ses chaînes logistiques, depuis le choix des fournisseurs à l’évolution des besoins des consommateurs, tout en faisant face à l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché et au développement de nouveaux moyens de transports. Mais à l’heure actuelle, le plus grand risque pour l’industrie automobile européenne provient de Chine », explique Aurélien Duthoit, analyste sectoriel chez Allianz Trade.

La concurrence chinoise, principale menace pour l’industrie automobile européenne

En effet, la Chine a identifié le potentiel des véhicules électriques il y a maintenant plus de 15 ans, et a ainsi investi des moyens considérables pour mettre sur pied un écosystème compétitif en la matière. La Chine est désormais leader du marché des véhicules électriques : en 2022, elle a vendu plus du double de VBE que les Etats-Unis et l’Europe réunis. De par son expérience, elle détient également un avantage compétitif sur ses concurrents à quasiment tous les étages de la chaîne de valeur. Une situation qui ne simplifiera pas, loin de là, la transition électrique des constructeurs européens.

« En Chine, 80% des ventes de véhicules électriques sont effectuées par des marques chinoises. Entre 2020 et 2022, ces dernières ont d’ailleurs vu leur part de marché domestique augmenter d’environ +10 points. Dans le même temps, la balance commerciale automobile chinoise est passée d’un déficit de -31 Mds USD à un excédent de +7 Mds USD. Si on se penche sur le marché européen, en 2022, 3 des véhicules électriques qui se sont vendus le mieux ont été importés depuis la Chine. Le risque pour l’industrie automobile européenne est donc double : d’une part, un recul des parts de marchés sur le marché chinois, de l’autre, un remplacement des véhicules à moteurs thermiques assemblés en Europe par des véhicules électriques importés de Chine », détaille Aurélien Duthoit.

Une situation qui pourrait coûter cher à l’industrie automobile européenne

Les constructeurs automobiles européens pourraient perdre plus de 7 Mds EUR de résultat net chaque année d’ici 2030 du fait du recul de leurs parts de marché en Chine.

« Si les constructeurs chinois parvenaient à faire croître leur part de marché domestique à 75% d’ici 2030, cela générera un recul des ventes européennes en Chine de -39%, ce qui est conséquent. Dans le même temps, si les véhicules importés de Chine s’arrogeaient 10% du marché européen d’ici 2030, cela générerait un manque à gagner de -24,2 Mds EUR pour l’industrie automobile européenne, sans compter les effets en cascade pour les industries sous-traitantes de l’automobile. Afin d’atténuer cet impact, les autorités européennes pourraient être tentées d’intervenir en renégociant les traités commerciaux avec les Etats-Unis et la Chine, en développant les infrastructures de recharge pour démocratiser l’accès aux VBE, voire en encourageant les constructeurs chinois à s’implanter industriellement en Europe », conclut Aurélien Duthoit.