Près de 8% des exportations de la France concernent des biens à faible intensité carbone, en ligne avec la moyenne mondiale

06/11/2023
Accroître le commerce de biens et de technologies à faible intensité carbone pourrait être un levier essentiel pour combattre le réchauffement climatique. Mais comment accélérer cette transition vers le green trade ? Des pays sont-ils en avance sur le sujet ? Les experts Allianz Trade se sont penchés sur ces questions dans leur dernière étude.
  • Les biens à faibles intensité carbone représentent 7,7% du total des exportations mondiales et 6,9% du total des importations mondiales. Une part encore modérée, mais qui croît progressivement : entre 2000 et 2022, la part des biens à faibles intensité carbones dans le total des exportations mondiales a cru de +5 points, et de +1,4 point dans le total des importations mondiales.
  • Quels sont les pays les plus en avance en matière de green trade ? Sans surprise, ce sont les pays les plus avancés économiquement. L’Allemagne, dont les exportations de biens à faible intensité carbone représentent environ 15% du total des exportations, occupait la première place en 2022, devant le Japon et la Corée du Sud. Les pays européens, de manière générale, sont bien placés, avec des exportations de biens à faible intensité carbone représentant environ 8% du total des exportations de l’Italie, de l’Espagne et de la France. Concernant les importations, l’Allemagne occupe une nouvelle fois la première place : les importations de biens à faible intensité carbone représentent environ 10% du total des importations allemandes. Le Royaume-Uni et la France (aux alentours de 8%) complètent le podium.
  • « Les économies européennes font figure de bons élèves en matière de green trade, en niveau comme en dynamique. Les exportations de biens à faible intensité carbone de l’Allemagne ont par exemple cru de +6,9 points entre 2000 et 2022. En France, les importations de biens à faible intensité carbone ont cru de +2,7 points sur la même période. Mais lorsqu’on se penche sur l’excédent commercial en matière de biens à faible intensité carbone, on remarque que quelques économies plus modestes ont un avantage comparatif. Selon nos estimations, la Macédoine du Nord, la Slovaquie, la Hongrie et la République Tchèque ont ainsi le meilleur excédent commercial en matière de biens à faible intensité carbone, du fait de leur spécialisation dans quelques secteurs spécifiques qui représentent une part importante de leurs exportations. L’Allemagne se classe 5ème, alors que la France est en léger déficit, important plus de biens verts qu’elle n’en exporte », développe Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.
  • Comment accroître le commerce de biens à faible intensité carbone ? Selon Allianz Trade, supprimer les barrières tarifaires sur ce type de biens permettrait d’accroître les exportations mondiales de +10% par an, soit un montant de 184 Mds USD. En effet, les barrières tarifaires sur les produits dits verts, bien que moins élevées que celles appliquées aux autres types de biens, sont encore élevées : elles atteignent en moyenne 5,4%, contre 8,6% tout produits confondus. Et il n’est pas impossible, vu les ambitions écologiques de nombreux pays, de voir ces barrières tarifaires croître dans les années à venir afin de protéger l’économie verte locale. « Supprimer les barrières tarifaires sur les biens à faible intensité carbone est une nécessité pour accélérer la transition verte de l’économie mondiale. Une telle mesure réduirait le coût de ces biens à l’importation, ce qui les rendrait plus accessibles pour les consommateurs et les entreprises. Cela stimulerait également la concurrence entre les producteurs, ce qui pourrait générer de l’innovation à l’échelle locale et internationale. Toutefois, le vrai frein au green trade, c’est le protectionnisme non-tarifaire. Et pour surpasser cet obstacle, il faudra nécessairement renforcer la coopération internationale, voire passer par des accords commerciaux plus multilatéraux que régionaux », estime Ano Kuhanathan, Responsable de la recherche sectorielle chez Allianz Trade.
  • L’émergence du green trade passera nécessairement par la transition écologique du fret maritime. Chaque année, environ 11 milliards de tonnes de biens sont transportés par la mer à l’échelle mondiale, soit 85% du commerce mondial. Ce chiffre pourrait tripler d’ici 2050. Alors qu’aujourd’hui le fret maritime ne représente qu’environ 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, cette part pourrait atteindre 17% à mi-siècle si aucune action n’est entreprise. « Les transporteurs sont conscients de ce challenge, mais ils savent également que la décarbonation de leur flotte représente une vraie opportunité pour eux, tant la demande pour des moyens de transports plus verts est croissante. Aujourd’hui, 13 des 30 plus grandes compagnies de fret maritimes ont fixé des objectifs net-zéro à atteindre d’ici 2040 ou 2060. Toutefois, pour verdir les flottes maritimes et atteindre ces objectifs, un investissement de 23 Mds USD par an sera nécessaire », explique Ano Kuhanathan.

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