La croissance mondiale devrait ralentir à +2,2% en 2023, avant un très modeste rebond à +2,3% en 2024

30/03/2023
Inflation persistante, politique monétaire restrictive, tensions sur le système bancaire américain, crise énergétique, … Dans un environnement international toujours volatil, quelles perspectives pour l’économie mondiale en 2023 et 2024 ? Les experts Allianz Trade présentent aujourd’hui la mise à jour de leur scénario économique.

Vers un ralentissement prononcé de la croissance mondiale en 2023

Selon Allianz Trade, la croissance économique mondiale ralentira sensiblement en 2023 à +2,2% (après +3% en 2022), avant de très légèrement rebondir en 2024 à +2,3%. En cause principalement, la crise énergétique européenne qui n’a toujours pas été résolue, couplée à la hausse des taux d’intérêts, à l’impact négatif des récents évènements bancaires sur la confiance des agents économiques, et à une inflation persistante qui continue de peser sur la consommation des ménages. Celle-ci est attendue à +6,6% à l’échelle mondiale en 2023 et à +4% en 2024.

 

« Les Etats-Unis devraient subir un important ralentissement cette année (+1,1% de croissance du PIB, soit -1 point par rapport à 2022), en grande partie dû à la décélération de l’activité dans les secteurs de l’immobilier, de l’industrie et de la construction. Côté zone euro, l’économie flirtera avec la récession en 2023 (+0,3% de croissance du PIB, soit -3,2 points par rapport à 2022), du fait de la fin progressive des différents stimulus fiscaux déployés et des conséquences de la crise énergétique. Enfin, les perspectives économiques de la Chine s’améliorent, avec un rebond de la croissance attendu à +5% cette année (+2 points vs 2022) qui découle directement de la réouverture du pays et de la reprise de l’activité. Malheureusement, le rebond chinois n’aura pas un impact suffisant pour booster l’économie mondiale », explique Ano Kuhanathan, Responsable de la recherche sectorielle chez Allianz Trade.

La zone euro sera parmi les zones les plus touchées par le ralentissement de l’activité économique

La récession sera évitée de peu à l’échelle européenne, mais l’Allemagne ne devrait pas y échapper. Avec un PIB qui devrait reculer de -0,1% cette année, le pays paie le prix fort de la crise énergétique actuelle. Ses voisins, moins exposés et dépendants aux énergies russes, devront quant à eux se contenter d’une croissance très molle en 2023, de l’ordre de +0,4% en France (-2,2 points par rapport à 2022), de +0,3% en Italie (-3,5 points) et de +1% en Espagne (-4,5 points). Dans ces pays, l’inflation restera élevée cette année : elle atteindra en moyenne +5,6% en zone euro. Dans le détail, l’inflation atteindra en 2023 +5,9% en Italie, +5,6% en Allemagne, +5,2% en France et +4,8% en Espagne.

 

« Malheureusement, comme à l’échelle mondiale, il n’y a pas de quoi espérer un grand rebond en zone euro l’année prochaine. En moyenne, la croissance de la zone euro atteindra +0,9% en 2024. L’Allemagne ne tardera pas à sortir de la récession avec une croissance attendue à +0,8% en 2024. Pour les autres pays européens, on restera avec une croissance molle, attendue à +0,8% en France, +0,7% en Italie et +1% en Espagne. Tant que la crise énergétique n’aura pas été résolue et que les conditions de financement resteront restrictives, les économies européennes auront du mal à retrouver de l’élan », développe Ano Kuhanathan.

Le commerce mondial tournera au ralenti cette année

Quid des échanges commerciaux à l’international ? Selon Allianz Trade, le commerce mondial devrait fortement ralentir en volume, avec une croissance estimée à seulement +0,9% en 2023 (soit -2,8 points vs 2022). Dans le même temps, le commerce mondial en valeur devrait enregistrer une baisse cette année, et se contracter de -0,3%, alors qu’il avait cru de +9,6% en 2022 du fait de l’accélération de l’inflation.

« D’un côté, la demande ralentit fortement du fait d’un environnement très volatil qui affecte la consommation des ménages. De l’autre, face aux récentes tensions d’approvisionnement, les entreprises ont eu tendance à accroître leurs stocks de précaution. Elles se retrouvent désormais en situation d’offre excédentaire, ce qui aura un impact indéniable sur la valeur des biens échangés à l’échelle mondiale. Ce ralentissement en volume et cette récession en valeur auront un impact conséquent pour le fret maritime : son coût déjà proche des niveaux pré-pandémie devrait continuer de refluer », conclut Ano Kuhanathan.

Retrouvez également au sommaire de notre dernier scénario macroéconomique :

  • Perspectives économiques des pays émergents
  • Focus sectoriels : qui sont les grands gagnants / perdants de la situation actuelle ?
  • Système bancaire : quelle attitude attendre des banques centrales ?
  • Marchés financiers : quelles prévisions à venir face aux récentes perturbations bancaires ?
  • Gouvernements : quels enjeux et défis prioriser dans le contexte actuel ?