Quand faut-il faire appel à l'affacturage ?

27/05/2020

Blog > Impayés & Risque client > Quand faut-il faire appel à l'affacturage ?

Pour alléger son BFR et soulager la trésorerie, l’affacturage est devenu en quelques années l’outil de financement court terme favori des entreprises. Pour autant, cet outil a un coût, et son utilisation devrait être réservée en priorité à des circonstances ou des besoins spécifiques. Quand faut-il faire appel à l’affacturage ?

L’ affacturage s’est beaucoup répandu ces dix dernières années. Il y a eu en 2019 près de 50.000 entreprises qui l’ont utilisé en France, et son volume d’encours affiche un taux de croissance de 10% par an (sur les 5 dernières années selon l’ASF, Association française des Sociétés Financières), devant le découvert, la Dailly ou les effets de commerce. Encouragé par les banques, via leurs filiales spécialisées, l’affacturage est devenu aujourd’hui la source numéro 1 de financement à court terme par la mobilisation des créances clients.

Qui peut utiliser l’affacturage ?

L’affacturage s’adresse à toutes les sociétés, quelle que soit leur forme juridique, leur taille ou leur secteur – une EURL ou un micro-entrepreneur peuvent aussi en bénéficier, du moins en théorie. Dans les faits, et même si pour un factor c’est d’abord la solidité du débiteur qui compte, l’entreprise devra généralement présenter un capital raisonnable, ou sinon disposer d’un apport en compte courant bloqué, attesté par un expert-comptable. Par ailleurs, si la solution reste envisageable lors d’une procédure judiciaire, les entreprises en liquidation ne pourront pas être financées par l’affacturage.

En revanche le factoring ne concerne que les activités inter-entreprises (B2B), autrement dit les factures adressées à des entreprises privées et à des organismes publics. Les ventes à des particuliers n’y sont donc pas éligibles.

Si dans les débuts c’étaient surtout les entreprises en difficulté qui se tournaient vers l’affacturage, la banalisation de la pratique et son utilisation massive par les grandes sociétés ont permis de largement dépasser ce cadre, pour en faire un outil adapté à des situations plus diverses.

Quand avoir recours à l’affacturage ?

Le principe de l’affacturage est simple : l’entreprise cède ses créances, sitôt émises, à la société de factoring, qui lui verse la majeure partie des montants correspondants, une fois déduits les frais et un montant de garantie. Quand les factures viennent à échéance, le factor se charge d’en récupérer le montant auprès des débiteurs. Une fois les créances honorées, le factor rembourse à l’entreprise les retenues de garantie.

Voilà pour le principe mais, dans les faits, quelles sont les situations dans lesquelles une entreprise fera appel à l’affacturage ?

Baisse brutale d’activité, impayé important non assuré, événements imprévus : quelle PME n’a pas connu de moment difficile ? Dans ces circonstances, il n’est pas forcément aisé d’obtenir un soutien bancaire direct – qu’il s’agisse d’une autorisation de découvert ou d’un crédit court terme. Le factor, quant à lui, s’intéresse d’abord à la solvabilité des clients facturés – puisqu’il est devenu propriétaire (avec ou sans conditions, voir plus bas) de leurs créances. L’affacturage permet donc à des entreprises en situation financière tendue de soulager quand même leur trésorerie.
Les sociétés qui adressent des marchés saisonniers connaissent chaque année des pics d’encours client. C’est ainsi le cas par exemple des fournisseurs du prêt-à-porter, mais aussi des entreprises de l’agro-alimentaire – comme des chocolatiers ou des brasseurs, entre autres. Dans l’attente des règlements, il leur faut pourtant continuer à financer l’exploitation. L’affacturage s’avère ici aussi plus souple et plus simple à obtenir, par rapport à un crédit de campagne, par exemple.

Quand une PME est en croissance rapide, son chiffre d’affaires augmente vite, mais son Besoin en Fonds de Roulement aussi. Il lui faut acheter davantage de matières premières, constituer des stocks, voire consentir des délais de paiement supérieurs à son habitude pour conquérir un nouveau marché. Pour les entreprises de services, où les ressources humaines sont souvent rares et quelquefois coûteuses, il faut payer chaque mois les salaires et les charges… alors que le temps de règlement moyen d’une facture (le DSO) s’élève dans les faits à 73 jours en France.

Si l’augmentation du BFR est plus rapide que l’augmentation de l’Excédent Brut d’Exploitation, et si la société est insuffisamment capitalisée, la trésorerie d’exploitation devient vite négative : c’est le redoutable effet ciseaux, qui a fait chuter plus d’une entreprise prometteuse.

En mobilisant les créances client, l’affacturage permet aux entreprises en croissance rapide de disposer d’un apport de trésorerie immédiat pour financer leur cycle d’exploitation.

Pour l’entreprise qui a des projets d’investissement, tout comme pour son banquier, l’affacturage apporte une réponse au vieil adage paysan « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». L’appel au factor est ainsi dédié au financement à court terme de l’exploitation, et les concours bancaires sont orientés vers les projets destinés à construire le développement et la rentabilité future : nouvelles capacités de production, achat d’un concurrent, élargissement du portefeuille d’activités, etc.

Dans ces conditions, l’affacturage devient un outil supplémentaire dans la stratégie financière globale de l’entreprise.

Attention aux impayés

Le risque d’impayé existe toujours, tout particulièrement dans des situations économiques difficiles, où l’effet domino peut faire basculer dans le rouge d’excellentes signatures.

Un contrat d’affacturage peut être défini avec ou sans recours. Dans le premier cas, le fournisseur conserve la responsabilité du règlement, et devra rembourser le factor en cas d‘impayé. Dans le second, la créance reste la propriété du factor, qui s’est assuré de son côté, et le fournisseur n’aura pas à le rembourser.

L’entreprise a la possibilité de souscrire une police auprès d’un assureur-crédit extérieur. Une option intéressante à plus d’un titre :

  • Si le factor n’a pas recouvert la créance à échéance, c’est l’assureur crédit qui prend en charge les démarches de recouvrement ou d’indemnisation ;
  • Le fournisseur conserve la maîtrise de sa relation client ;
  • Il bénéficie d’informations sur la santé financière de ses prospects et clients avant d’avoir émis la première facture ;
  • Il peut couvrir des opérations à l’exportation y compris en « grand export ».