L'affacturage, comment ça marche ?

01/06/2020

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43.000 entreprises françaises ont aujourd’hui recours à l’affacturage pour financer leurs besoins en fonds de roulement. Devenu la première technique de financement court terme, devant le découvert bancaire, l’affacturage a eu le vent en poupe au cours des dix dernières années, tout particulièrement chez les grands groupes. L’affacturage, comment ça marche ?

Apparu en France dans les années 60 l’affacturage a vu sa pratique doubler au cours des 10 dernières années. Son volume d’encours affiche un taux de croissance annuel de 10% par an (sur les 5 dernières années selon l’ASF, Association française des Sociétés Financières), devant le découvert, le Dailly ou les effets de commerce. Cette croissance a d’abord été poussée par les grands groupes du CAC 40 dans une optique de déconsolidation et, digitalisation aidant, s’est ensuite plus largement ouverte sur les PME. Aujourd’hui, quand un dirigeant parle de son BFR à son banquier, celui-ci lui présentera presque systématiquement l’attaché commercial de sa filiale de factoring.

Un principe simple

Élément clé du financement de l’exploitation, le crédit inter-entreprises constitue un rouage indispensable à l’économie, tout en présentant deux écueils principaux :

  • Il faut financer le compte client lorsque la société présente un BFR positif (le crédit client est supérieur au crédit fournisseur),
  • Le risque existe toujours de ne pas être payé à l’échéance.

L’affacturage offre d’abord une source de financement à court terme. En réglant immédiatement les factures clients payable à terme, il vient consolider la trésorerie de l’entreprise qui y fait appel. Son principe est simple : l’entreprise cède ses créances à la société de factoring. Et quand celles-ci viennent à échéance, le factor se charge d’en récupérer le montant auprès des débiteurs.

Les banques, qui pratiquaient auparavant l’escompte des effets de commerce (traites, billets à ordre) et le Dailly (depuis 1981), ont préféré confier cette variante du financement sur gage à des filiales spécialisées : les factors. Ils sont aujourd’hui une trentaine en France.

La pratique de l’affacturage

Le factor commence par faire un audit du poste client, afin d’en déterminer les risques. L’entreprise contractualise, selon des modalités qui dépendent largement de sa taille : quand elle a peu de clients et un chiffre d’affaires limité, le contrat porte souvent sur la totalité du poste client.

Les coûts liés à l’affacturage se composent pour l’essentiel de la commission de financement et des frais de gestion. Ils peuvent éventuellement comprendre le coût d’une assurance en cas d’impayé (on parle alors de « full factoring »). A noter que cette assurance-crédit ne portera alors que sur les créances qui ont été effectivement cédées, et non sur l’intégralité de l’encours d’un client ni sur la totalité du poste client.

Le contrat peut être défini avec recours, ou sans recours.

  • Avec recours : Le factor assure le financement immédiat. Si la facture n’est pas réglée à l’échéance, il se charge de la relance, généralement pendant 60 jours. Au bout de ce délai, les sommes qui n’ont pas été réglées sont définancées : la créance est recédée à la société, charge à elle d’en assurer le recouvrement… et de rembourser la somme avancée. Tous les frais et commissions restent au factor.
  • Sans recours ou « full factoring » : dans ce cas, la créance reste la propriété du factor, qui s’est assuré de son côté.

Par rapport au découvert bancaire, l’affacturage s’avère moins coûteux, plus durable et apporte généralement un volume de financement court terme supérieur.

Par rapport au Dailly, au cours duquel l’entreprise émet une facture, envoie une copie à la banque laquelle notifie le client final que le paiement doit être fait sur son propre compte, le factoring est à la fois plus souple, moins limitatif et surtout moins anxiogène – tous les grands comptes pratiquant l’affacturage.

L’usage des traites et des billets à ordre, et l’escompte qui leur est attaché, devient de moins en moins courant – et ne risque pas de donner à l’entreprise qui les utiliseraient une image particulièrement moderne – sauf cas particuliers.

Pour qu’une créance soit affacturable, elle doit être « née, certaine et définitive ». Autrement dit : sans litige et concernant une prestation terminée. Des conditions qui peuvent écarter certains secteurs comme le bâtiment (situations de travaux) ou l’informatique (créances fractionnées ou terme à échoir), où la pratique des acomptes fait partie du modèle d’affaires.

L’affacturage avec recours porte quant à lui le risque d’un effet boomerang : devoir rembourser au factor les créances non honorées.

Dernier point : en affacturant, on cède la gestion de sa relation client- un client dont la santé financière peut sensiblement varier selon de nombreux critères indépendamment d’éventuelles difficultés conjoncturelles. Une raison supplémentaire pour laquelle beaucoup d’entreprises choisissent d’autres voies que le full factoring en décidant de s’assurer-crédit par elles-mêmes. Avec cette pratique, appelé factoring avec délégation ou en co-assurance, elles bénéficient d’une information permanente sur la santé financière de leurs prospects et clients pour soutenir leur développement commercial. Ainsi, l’affacturage, même sous ses formes les plus modernes, ne dispense pas d’une bonne gestion du poste client. Qui doit commencer bien avant la vente !