En France, grâce au soutien public, l’inflation atteindra 4,3% en 2022, soit -2,2 points que la moyenne de la zone euro

05/05/2022
L’inflation fait un retour remarqué en Zone Euro. Entre perturbations des chaînes d’approvisionnement et hausse du coût des intrants, comment expliquer cette accélération soudaine de l’inflation, et quels pays seront les plus touchés ? Les experts Allianz Trade abordent le sujet dans leur dernière étude.
  • La grande réouverture post-covid de l’économie mondiale a été l’élément déclencheur du retour de l’inflation en Zone Euro. En effet, le rebond rapide de la demande internationale a mis sous pression les chaînes d’approvisionnement à divers égards (transports de marchandises, raréfaction de certaines matières premières, appareils productifs sous-dimensionnés, etc.), engendrant une forte hausse des coûts pour les entreprises. Dans un second temps, l’invasion de l’Ukraine a amplifié la tendance, avec des tensions accrues sur l’approvisionnement et le prix de l’énergie. Enfin, la politique zéro-covid de la Chine (confinement, fermeture des ports) est un élément supplémentaire de perturbation des supply chain à l’échelle internationale, avec de fortes répercussions sur les coûts de livraison et de production pour les entreprises.
  • « Pour l’ensemble de ces raisons, nous avons récemment revu nos prévisions d’inflation pour la Zone Euro à la hausse. Nous estimons que l’inflation atteindra 6,5% en Europe en 2022, soit +2,7 points par rapport à notre dernière prévision, avec un pic particulièrement haut au T2 2022. En cas d’absence d’escalade de la crise ukrainienne, l’inflation pourrait ralentir en 2023 et s’établir à 2,5%. Toutefois, en cas d’embargo européen sur les importations de pétrole et de gaz en provenance de Russie, l’inflation européenne pourrait être plus forte et plus durable, et perdurer l’année prochaine », analyse Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.
  • Parmi les pays européens les plus affectés par l’inflation, on retrouve l’Allemagne, avec une inflation attendue à 6,8% en 2022 (+3 points par rapport à notre prévision d’avant-crise ukrainienne), principalement du fait de sa forte dépendance aux énergies russes. En revanche, la France semble moins exposée que son voisin allemand aux pressions inflationnistes actuelles.
  • « En 2022, l’inflation atteindra 4,3% en France, soit 1 point de plus que ce que nous attendions initialement. Il s’agit d’une accélération conséquente, mais moins forte que dans le reste de la Zone Euro. En cause, la moindre dépendance de l’économie française aux énergies russes, mais également l’action publique : les différentes mesures économiques prises par l’Etat, en vue de protéger les ménages et les entreprises, permettront d’absorber une part substantielle du choc inflationniste actuel. Selon nos calculs, le plafonnement des prix de l’électricité a permis de juguler l’inflation française de -1,5 point, et les subventions sur le prix de l’essence de -0,3 point. Sans l’intervention étatique, l’inflation française aurait ainsi pu atteindre 6,1% en 2022 », explique Ana Boata.