Le déficit public français devrait se creuser à -5,3% du PIB en 2023

25/04/2023
Face à la crise Covid-19, le gouvernement français n’a pas hésité à mobiliser des aides publiques massives pour soutenir les entreprises et les ménages. Conséquence directe : le déficit public français a atteint un niveau historique de -9% de PIB en 2020. Depuis, l’exécutif est-il parvenu à corriger cette trajectoire ? Comment évoluera le déficit public de la France dans les années à venir ? Les experts Allianz Trade se sont penchés sur la question.

Le déficit public français se dégradera de -0,6 point en 2023…

Entre 2020 et 2022, le déficit public français s’est fortement réduit, passant de -9% du PIB à -4,7% du PIB. Mais cette amélioration est avant tout cyclique, et trouve sa source dans deux facteurs purement conjoncturels.

« L’amélioration du déficit public français est tout d’abord liée au rebond économique post-pandémie, qui a permis au gouvernement de progressivement ralentir les aides et subventions attribuées aux ménages et aux entreprises. Ensuite, l’inflation a mécaniquement engendré une hausse des recettes publiques : par exemple, la forte hausse des prix à la consommation a logiquement généré une collecte plus importante de TVA par le gouvernement. Enfin, la dynamique solide du marché de l’emploi a soutenu les rentrées de cotisations sociales », détaille Maxime Darmet, économiste France chez Allianz Trade.

Le déficit public continuera-t-il de se résorber en 2023 ? Rien n’est moins sûr selon les experts Allianz Trade, qui estiment qu’il devrait au contraire se creuser et atteindre -5,3% du PIB d’ici la fin de l’année. L’inflation, qui a aidé à réduire le déficit public l’année dernière, aura cette année des conséquences plus néfastes.

« La conjonction du ralentissement économique français (+0,4% de croissance attendue en 2023) et de la persistance de l’inflation poussent le gouvernement à mobiliser de nouvelles aides, ce qui pèse forcément sur les finances publiques. Par exemple, face à la crise énergétique, l’Etat a baissé certaines taxes et accru les aides aux entreprises et aux ménages. Mais l’inflation a également un impact de plus en plus nocif sur les dépenses de consommation des ménages et les profits des entreprises, et donc sur la collecte de TVA et d’impôts sur les sociétés. Avec moins de recettes et plus de dépenses, il est fort probable que le déficit public français se dégrade cette année. Les chiffres de Bercy de janvier et février font déjà état d’une nette dégradation », explique Maxime Darmet.

… Avant une amélioration de +0,7 point l’année prochaine

Cette détérioration du déficit public français ne sera toutefois que temporaire : selon Allianz Trade, il devrait à nouveau se résorber en 2024 et atteindre -4,6% du PIB. Le gouvernement français devrait en effet procéder à un resserrement budgétaire et chercher de nouvelles sources de revenus, alors que les règles budgétaires européennes devraient de nouveau entrer en application après une suspension depuis plus de trois ans.

« Les aides déployées pendant la crise énergétique devraient progressivement être retirées, ce qui libérera les finances publiques d’une certaine pression. De plus, le gouvernement ne cache pas son intention de trouver de nouveaux leviers de recettes publiques : le Président a par exemple évoqué il y a quelques semaines la question des super profits. Ces mesures auront un impact positif sur le déficit public, mais elles pèseront sur les perspectives de reprise de l’économie française : nous nous attendons ainsi à un rebond très modeste du PIB en 2024, avec une croissance attendue à +0,8% (+0,4 point vs 2023) », conclut Maxime Darmet.

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