Recouvrement à l’international : dans quel pays est-ce le plus difficile de récupérer un impayé ?

20/06/2022
Parce que les comportements de paiement et les cadres légaux relatifs aux impayés diffèrent selon le pays, le recouvrement de créances peut s’avérer plus ou moins complexe pour une entreprise qui commerce à l’international. En ce sens, Allianz Trade, le leader mondial de l’assurance-crédit, publie son troisième indice de complexité du recouvrement. Cet indice est un véritable outil d’aide à la décision pour les exportateurs, notamment en matière de marchés à cibler, dans un contexte de forte reprise des défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale (+10% en 2022 et +14% en 2023).
  • L’indice de complexité du recouvrement développé par Allianz Trade mesure à quel point il est difficile de récupérer un impayé, pour une entreprise, dans un pays donné.
  • La Suède, l’Allemagne et la Finlande sont les trois pays où le recouvrement des impayés est le moins complexe, au contraire de l’Arabie Saoudite, la Malaisie et les Emirats Arabes Unis.
  • L’écart de complexité du recouvrement entre économies avancées et pays émergents s’est contracté : 20 pays sur 49 ont vu leur indice de complexité du recouvrement s’améliorer.

L’indice de complexité du recouvrement reflète à quel point il est difficile pour une entreprise de récupérer une créance impayée dans un pays donné. Il couvre 49 pays qui représentent 90% du PIB mondial et 85% des flux commerciaux internationaux. Il est synthétisé par un score allant de 0 (recouvrement le moins complexe) à 100 (recouvrement le plus complexe). Ce score combine le jugement des experts Allianz Trade du recouvrement, actifs dans le monde entier, sur plus de 40 indicateurs concernant : (i) les pratiques locales de paiement ; (ii) les procédures judiciaires locales en vigueur ; (iii) les procédures collectives locales en vigueur. L’échelle de complexité du recouvrement développée par Allianz Trade est divisée en 4 niveaux : complexité notable (score entre 40 et 50), forte (50 et 60), très forte (50 et 60), sévère (supérieur à 60).

Recouvrer un impayé s’avère (toujours) plus simple en Europe

Dans quel pays le recouvrement des impayés est-il le moins complexe ? Sans surprise, et comme dans notre précédente édition de l’indice de complexité du recouvrement (2018), l’Europe est en tête de classement. En effet, le top 10 des pays où le recouvrement est le moins complexe est composé uniquement de pays européens. La Suède (avec un score de 30), l’Allemagne (30) et la Finlande (32) sont les meilleurs élèves, avec des scores stables par rapport à notre précédente édition. La Nouvelle-Zélande (12ème, avec un score de 36, +1 point vs 2018) est le premier pays non-européen, suivie par le Brésil (20ème, 43, stable).

« En Suède, en Allemagne et en Finlande, le comportement de paiement des entreprises domestiques est bon, et les tribunaux sont efficaces, délivrant rapidement leurs décisions. Autant de paramètres qui simplifient le recouvrement des créances impayées pour les entreprises. Cette situation est différente dans les autres pays européens, comme la France (10ème, 36, stable) et l’Espagne (11ème, 36, -1 point), où le recouvrement reste extrêmement complexe lorsque le débiteur est insolvable. Les créanciers dont la trésorerie n’est pas protégée sont alors en première ligne », explique Maxime Lemerle, responsable des études défaillances chez Allianz Trade.

A l’autre bout du classement, l’Arabie Saoudite (91, -3 points), la Malaisie (78, stable) et les Emirats Arabes Unis (72, -9 points) sont les pays où le recouvrement est le plus complexe. Malgré quelques améliorations notables en matière de procédures judiciaires, le recouvrement des impayés est 3 fois plus complexe en Arabie Saoudite qu’en Suède, en Allemagne et en Finlande.

Près d’un pays sur deux a connu une amélioration de son score de complexité du recouvrement

En matière de complexité du recouvrement, l’écart entre les économies avancées et les marchés émergents est toujours important. Mais il tend à se resserrer, et d’importantes disparités subsistent. D’une part, 14 pays d’Europe Occidentale sur 16 obtiennent le niveau de complexité le plus faible (notable). En revanche, les Etats-Unis (32ème, 55, stable) et le Canada (29ème, 52, stable) témoignent d’un niveau de complexité très fort. Enfin, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique sont en moyenne les trois régions où le recouvrement est le plus complexe.

« Lors des 4 dernières années, la complexité du recouvrement s’est réduite dans près de la moitié des pays que nous suivons (20 sur 49). L’épidémie Covid-19 a incité de nombreux pays à accélérer leurs réformes en matière de procédures collectives. Nous avons également remarqué quelques améliorations concernant les procédures de restructurations comme au Royaume-Uni, avec la procédure Moratorium, en Australie et en Union Européenne, où la Directive 2019/1023 est actuellement en cours de transposition dans tous les Etats Membres. L’Arabie Saoudite et la Chine témoignent également d’améliorations significatives : dans ces pays, le score de complexité du recouvrement a reculé, respectivement, de -3 points et -2 points », développe Fabrice Desnos, membre du Board of Management d’Allianz Trade, en charge de Credit Intelligence, du Recouvrement, de l’Indemnisation et de la Réassurance.

Ainsi, le score de complexité du recouvrement à l’échelle mondiale a reculé lors des 4 dernières années : il est aujourd’hui à 49, soit 2 points de moins qu’en 2018 (51). Toutefois, malgré cette tendance positive, la complexité du recouvrement à l'international reste en moyenne à un niveau fort.

« Des poches de complexité existent partout. Par exemple, si les pratiques locales de paiement sont particulièrement pointées du doigt au Moyen-Orient, elles restent une source de complexité dans de nombreux pays. De même, les difficultés relatives aux procédures judiciaires sont moins fréquentes, notamment en Europe Occidentale et en Amérique du Nord, mais celles qui persistent sont indéniablement plus complexes à surmonter. Enfin, les procédures collectives restent globalement le sujet le plus sensible : elles expliquent plus de la moitié de la complexité du recouvrement à l’échelle mondiale », détaille Maxime Lemerle.

Quels exportateurs sont les plus exposés à la complexité du recouvrement ?

En combinant l’indice de complexité du recouvrement de chaque pays avec le poids relatif des principaux pays partenaires commerciaux, Allianz Trade a calculé, pour chaque pays, l’exposition des exportateurs à la difficulté de récupérer une créance impayée.

La Finlande, l’Autriche et la Norvège sont les pays les moins exposés, car leurs principaux partenaires commerciaux sont des pays où le recouvrement des impayés est moins complexe. A l’opposé, l’Asie sort du lot, avec sept pays parmi la liste des pays les plus exposés à la complexité du recouvrement international : Hong Kong, l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, le Japon, Singapour et l’Inde.

Et la France dans tout ça ?

La France se classe 10ème de l’indice de complexité du recouvrement, avec un score de 36, stable par rapport à la précédente édition. Le comportement de paiement des entreprises françaises est bon, mais pourrait encore être amélioré : le DSO moyen français ne correspond pas aux régulations imposées par l’Union Européenne en matière de paiements entre entreprises. Les tribunaux français sont efficaces et parviennent à résoudre les litiges dans des délais raisonnables. Toutefois, une fois que le débiteur est déclaré insolvable, il devient extrêmement difficile de recouvrer l’impayé, tant la loi française protège le débiteur tant que la procédure collective n’est pas terminée.

Par ailleurs, l’exposition des exportateurs français à la complexité du recouvrement international est peu élevée : parmi les 20 principaux partenaires commerciaux de la France, 10 pays ont une note complexité du recouvrement notable, et un pays seulement obtient une note sévère : la Chine.