Malgré le statu quo, le déficit public américain pourrait se creuser et atteindre -6,6% du PIB en 2023

10/11/2022
Les résultats des US midterms se précisent : les Républicains reprennent le contrôle de la Chambre des Représentants, engendrant ainsi une cohabitation avec les Démocrates, qui contrôlent le pouvoir exécutif. Quelles conséquences pour l’économie américaine ? Les experts Allianz Trade se penchent sur le sujet dans leur dernière étude.
  • Avec le retour des Républicains à la tête de la Chambre des Représentants, qui induit une cohabitation avec l’exécutif Démocrate, aucun changement majeur en matière de législation budgétaire ou économique n’est à attendre au cours des deux prochaines années. « D’une part, les Républicains ont mené leur campagne sur la réduction des dépenses sociales, ce qui induit que la hausse des allocations familiales et l’augmentation des impôts sur les personnes les plus riches n’ont pratiquement aucune chance d’être adoptées. De l’autre, le Président Biden opposera probablement son veto à toute législation initiée par les Républicains », explique Maxime Darmet, économiste en charge des Etats-Unis chez Allianz Trade.
  • Actuellement, les Etats-Unis sont confrontés à une détérioration de leurs perspectives budgétaires, aggravée par une économie en perte de vitesse. Et malgré ce statu quo à venir concernant la politique économique américaine, le déficit budgétaire américain devrait se creuser en 2023. « Une grande partie de l'amélioration du déficit budgétaire actuellement observée est due à des facteurs temporaires, qui seront bientôt inversés. L’économie américaine devrait entrer en récession dès la fin de l’année, avec une baisse de l’activité économique de l’ordre de -0,7% en 2023. Nous estimons ainsi que le déficit budgétaire américain se creusera à -6,6% du PIB en 2023, soit une détérioration de -2,3 points par à rapport à 2022 », développe Maxime Darmet.
  • Une dégradation du déficit public qui interviendra donc notamment du fait de la récession. Sur les douze derniers mois en revanche, la politique budgétaire a été restrictive. Ce resserrement peut-il ralentir l’inflation ? « La politique budgétaire américaine déployée pour soutenir les ménages et les entreprises face durant la pandémie a eu un impact conséquent sur l’inflation, davantage que la politique monétaire. Toutefois, le recul récent des dépenses publiques devrait permettre de faire reculer l’inflation d’environ -1 point dès le début de l’année 2023. Insuffisant néanmoins pour permettre à la Fed de réduire ses taux, qui devraient rester à 4,75% jusqu’à l’été prochain », détaille Maxime Darmet.
  • Dans ce contexte, quid du plafond de la dette ? Selon les estimations d’Allianz Trade, ce dernier pourrait être atteint dès le T2 2023. Et la cohabitation Républicains – Démocrates devrait indubitablement compliquer les négociations pour le rehausser. « Une incertitude prolongée autour du plafond de la dette viendrait chahuter encore plus l’économie américaine. Toutefois, on peut penser qu’un compromis sera trouvé entre les deux parties en raison de la faiblesse de l’économie. Chez Allianz Trade, nous tablons sur un accord sur le relèvement du plafond de la dette et un modeste soutien budgétaire à l’économie, aux alentours de +0,2 point de PIB en 2023. En effet, un échec de ces négociations serait préjudiciable aux Républicains en vue des élections présidentielles de 2024. Dans cet accord, il n’est pas impossible de trouver une hausse des dépenses en matière de défense et de politique industrielle, de même que des baisses de taxes pour les ménages », ajoute Maxime Darmet.
  • Côté commerce extérieur, le retour au premier plan des Républicains aura également d’importantes conséquences. D’une part, l’application de mesures restrictives à l’encontre de la Chine devrait accélérer. De l’autre, la relation avec l’Europe sera plus tendue, sur fond de politique industrielle américaine ambitieuse. « Alors que l'attention se tourne vers la préparation de l'élection présidentielle de 2024, les partis démocrate et républicain maintiendront probablement leur position de fermeté à l'égard de la Chine, ce qui ouvrira la voie à un renforcement de la compétitivité américaine et à une augmentation des restrictions sur l'accès de la Chine aux technologies essentielles. De l'autre côté de l’Atlantique, l'Union Européenne a fait part de ses inquiétudes quant aux distorsions de concurrence transatlantique provoquées par l'Inflation Reduction Act (IRA) », conclut Maxime Darmet.