Ce qui fera réussir un DAF en 2019

09/01/2019
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A la tête du cabinet spécialisé Objectif Cash, David Brault rencontre entre 400 et 500 DAF chaque année. Personnalité du monde de la finance d’entreprise, connu pour son franc-parler, il partage son point de vue sur la situation des DAF aujourd’hui, et sur les talents qui les feront réussir demain.

« Aujourd’hui, un DAF sur deux est soit dépassé, soit exalté », commence David Brault, président fondateur d’Objectif Cash. D’un côté : la multiplication des priorités, les changements attendus du mode de management, le poids du réglementaire, la marche forcée vers le tout-numérique. De l’autre : le mirage d’un futur qui n’existe pas encore, et qui pourrait faire négliger les dures nécessités de l’instant présent.

On attend beaucoup d’un DAF aujourd’hui. Trop ?

Le DAF est aujourd’hui pris en étau entre des exigences métiers qui se durcissent et les nouvelles nécessités d’un management… plus souple. « On lui demande d’être performant dans la production des chiffres : qualité, vitesse, précision, le tout en intégrant de plus en plus souvent des données externes. Il subit une grosse pression, et doit gérer des équipes pas toujours bien formées, pas toujours présentes non plus – tant il est devenu difficile de recruter des comptables ou des contrôleurs de gestion. »

Dans le même temps, on compte beaucoup sur les directions financières pour donner l’exemple d’un mode de management supposé plus adapté aux générations montantes, et qui correspond aux attentes de la société civile : implication dans les décisions, transparence, équité, etc. « On passe d’un DAF presse-citron à un DAF coach des talents de son équipe. Mais il faut bien produire les comptes, les déclarations, le reporting, les forecasts – et garder du temps pour l’analyse. Si on envoie la compta en immersion chez les commerciaux, ou en séminaire de yoga, qui va faire les comptes pendant ce temps-là ? »

Cette dualité entre la pression quotidienne sur les résultats et l’attitude demandée au DAF dans sa relation avec ses équipes ne facilite pas en tous cas la vie des directions financières. Parmi les conséquences les plus visibles : un turn-over qui s’accélère. Mais aussi la multiplication des cas de burn-out – qui n’en connait pas dans son entourage proche ?

Pour réussir : cultiver le sens de l’équilibre… et des priorités

Le DAF qui réussira, d’après David Brault, c’est un DAF bien balancé. « S’il reste concentré sur le quotidien, pris dans le cercle infernal du reporting comme un hamster sur sa roue, le DAF va se rabougrir, ou pire. Mais s’il prend les désirs de Big Data pour des réalités, il va au-devant de graves désillusions ». Celui ou celle qui réussira sera capable de garder la tête froide entre un quotidien vigilant et investi, et de conduire une réflexion sur le futur du travail et des méthodes, sans céder aux phénomènes de mode. « Repenser le lettrage des règlements ou revoir un process order to cash, oui, et tout de suite. Mais un séminaire de trois jours sur le feed-back…? »

Faut-il espérer pour autant le retour du DAF qui dit non ? Seulement si c’est pour dire oui à d’autres ! Pour le consultant il s’agit d’abord de trouver l’équilibre entre la sécurité de tâches bien exécutées et la maitrise des transformations indispensables pour réussir l’avenir.

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Penser et construire le travail de demain

Que doit faire un DAF pour rester au niveau, sur quelles connaissances ou qualités faut-il se focaliser ? Pour David Brault il y a besoin d’une vraie réflexion pour penser le travail de demain, et se former à l’agilité qui y sera nécessaire. Une réflexion qui va très au-delà de ce que l’on entend aujourd’hui.

« Cette histoire de soft skills est une plaie ! Il faudrait être soft sur tout – sur les deadlines aussi ? C’est quoi la tolérance sur la qualité de la production ? Chaque semaine, des DAF me disent ne pas comprendre pourquoi on leur demande de travailler sur eux. Je ne suis pas assez agile, qu’est-ce que je dois faire ? Du yoga ? Ils aimeraient plutôt qu’on leur allège le reporting ! »

Ce n’est pas la seule transformation à affronter. Depuis quasiment deux ans on ne parle plus que de big data et de transformation numérique. Sur les 200 mails que reçoit chaque jour un DAF, combien sont consacrés à l’intelligence artificielle (IA) ou à la transformation digitale ? Près de 50, affirme le dirigeant d’Objectif Cash, qui insiste : à force d’annoncer la fin du monde ancien, beaucoup de DAF sont tétanisés : que vais-je devenir si le robot ou les algorithmes me remplacent ? Comment intégrer l’I.A. et rester compliant ? Où mettre le curseur ?

Pourtant, contrairement à la dématérialisation, dont on ne parle plus beaucoup au moment, justement, où elle est devenue plus opérationnelle que jamais, l’IA reste encore rare et coûteuse, en dehors de 5 à 10 grands groupes français qui ont mis en place des processus automatisés sur des tâches de grosse volumétrie (lettrage de paiements). L’impératif temporel est donc à relativiser sur ce domaine.

Un défi humain à relever

En dehors des risques financiers classiques : impayés, fraudes ou BFR mal maîtrisé, la principale menace pour un DAF aujourd’hui vient de la difficulté à recruter et à conserver de bons professionnels. Le turn-over des cadres est passé de 7 ans à moins de la moitié, d’après David Brault. Outre les souffrances qu’ils entraînent, les burn-out génèrent aussi des situations très délicates à gérer : difficile de caler l’intervention d’un manager de transition quand on ignore la durée du congé maladie d’un cadre – si même il revient. La situation entraîne une raréfaction des ressources, et l’augmentation de leur coût.

Si la plupart des DAF gardent la tête froide et font face avec brio, « en ne cédant rien aux modes et en se concentrant sur les fondamentaux », il n’en est pas moins vrai qu’il va leur falloir rester zen. Finalement, le yoga ne serait peut-être pas une si mauvaise idée que ça… même si certains peuvent préférer la boxe !

Cabinet indépendant, Objectif CASH intervient aux côtés des actionnaires pour renforcer les équipes de Management et accélérer la réussite des projets d’entreprises. Objectif Cash a organisé plus de 600 missions de managers de transition, dont les deux tiers pour des fonctions finances, en solo ou en équipe, dans 35 pays.