Marché automobile mondial : 100 millions de véhicules seront vendus dans le monde en 2019

12/09/2017

⚠ Il existe une version plus récente de cette étude, cliquez ici pour la consulter

Dans sa dernière étude intitulée « Championnats du monde du secteur automobile », Euler Hermes fait le point sur les 4 dimensions clés qui caractérisent la compétition entre les marchés automobiles aujourd’hui : les ventes, la voiture électrique, la rentabilité et l’innovation. L’étude analyse également le secteur automobile dans 8 pays clés représentant 70% du total des ventes mondiales : l’Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, l’Inde, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni.

  • La Chine et l’Inde tireront les ventes de véhicules mondiales en 2017 et 2018, compensant ainsi le déclin des ventes américaines et britanniques.

  • La Chine, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis enregistrent les meilleures ventes de véhicules électriques. Les fortes croissances enregistrées sur ces marchés permettront à la flotte de véhicules électriques de dépasser les 3 millions d’unité en 2017.

  • Les constructeurs automobiles japonais et les équipementiers italiens obtiennent la meilleure rentabilité. A l’exception des constructeurs italiens et américains, le poids de la dette pour les constructeurs est désormais inférieur à son niveau d’avant-crise.

  • L’Allemagne, le Japon et les Etats-Unis sont leaders en termes de R&D et de technologie brevetée. Avec la croissance agressive de son secteur automobile, la Chine est numéro un en acquisition dans les nouvelles technologies, avec 6,2 Mds USD d’opérations enregistrées entre 2012 et 2017.

La compétition pour les ventes mondiales de véhicules s’intensifie dans un secteur qui se transforme rapidement. Les ventes mondiales de véhicules devraient dépasser la barre des 100 millions d’unité en 2019, avec deux pays en tête : la Chine, premier marché de par sa taille, et l’Inde, premier marché de croissance.

« Les immatriculations mondiales de véhicules neufs devraient croître de +2,1% cette année. L’Europe va mieux, et les constructeurs produisent à nouveaux des véhicules innovants et tendance. Cependant, le secteur automobile atteint seulement la moitié de sa croissance de 2016, handicapé par le déclin des nouvelles immatriculations aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, l’envolée des ventes de véhicules d’occasion dans le monde et l’arrêt des avantages fiscaux pour l’achat de véhicules neuf en Chine cette année », explique Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes.

Euler Hermes estime que les ventes mondiales de véhicules atteindront 95,8 millions d’unités en 2017 (+2,1% de croissance annuelle) et 98,2 millions d’unités en 2018 (2,5%), avant d’atteindre 100 millions en 2019. La Chine sera la locomotive du secteur automobile, en tant que plus gros contributeur à la croissance des ventes mondiales, suivi par l’Inde. Ces deux pays feront d’ailleurs mieux que compenser le déclin des marchés américains et britanniques. Trois raisons expliquent ces prévisions :

  1. Les risques de marché : la Chine a arrêté d’inciter fiscalement à l’achat de véhicules neufs début 2017, les conditions de financement ont été resserrées aux Etats-Unis et la perspective du Brexit affecte le pouvoir d’achat des ménages britanniques. La dynamique positive en Europe et dans le reste du monde ne suffira pas à compenser cette décélération. De plus, le durcissement des conditions de financement dans le monde en 2018 engendrera une hausse du coût de l’emprunt pour les ménages, et des coûts de stocks pour les constructeurs.

  2. L’envolée du marché de l’occasion : le marché de véhicules de seconde main regagne du dynamisme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et explose en Chine, contribuant ainsi à la décélération des ventes de véhicules neufs dans le monde.

  3. Le retour en grâce de la voiture : la demande de nouveaux services de mobilité et la percée des systèmes de conduite autonome redonnent de la modernité et de l’attrait à l’industrie automobile.

De plus, bien qu’ils ne représentent toujours qu’une petite part de la flotte mondiale, le nombre de véhicules électriques en circulation dans le monde (VE) pourrait dépasser les 3 millions d’unités en 2017 (2 millions en 2016, 1 million en 2015). Sur ce segment, la Chine, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont les leaders. D’ici fin 2017, la Chine et les Etats-Unis devraient d’ailleurs peser pour plus des 2/3 des ventes mondiales de VE. L’ampleur des subventions gouvernementales, l’expansion du réseau de chargeurs et la chute du prix des batteries (permise par le progrès technologique) sont des facteurs clés pour la croissance du marché de la voiture électrique.

De manière générale, la santé financière du secteur automobile varie selon les pays et les sous-secteurs. Néanmoins, la rentabilité reste forte pour l’ensemble du secteur, avec un EBIT moyen de 6% en 2016, après 5,5% en 2015. A l’exception des constructeurs américains et italiens, le poids de la dette pour les constructeurs est désormais moins lourd qu’avant la crise. La liquidité et les dépenses d’investissement restent stables.

« L’étude identifie trois leviers pour l’innovation dans le secteur automobile : les dépenses de R&D, la technologie brevetée et la croissance externe. Les constructeurs historiques en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis mènent la danse dans les deux premières catégories, mais la Chine et l’Inde ont opté pour la voie d’une croissance agressive. L’automobile chinois est leader mondial en matière de fusions-acquisitions en technologie de l’information et des communications, avec des opérations représentant 6,2 Mds USD entre 2012 et 2017 », ajoute Maxime Lemerle, Responsable des études sectorielles chez Euler Hermes, en charge de cette étude.

Chine : ​Nouvelles technologies pour anciens défis

​Le plus grand marché automobile du monde devrait croître de +2% en 2017 et +3,2% en 2018. D’ici 2019, plus de 30 millions de véhicules auront été vendus chaque année en Chine. Malgré une croissance qui ralentit, à cause de la hausse des taxes sur les émissions polluantes et des restrictions sur le commerce de voitures d’occasion en janvier 2017, les ventes de véhicules neufs devraient croître à un rythme modéré soutenu par la demande dans les petites villes et les zones rurales. L’émergeant marché de l’occasion chinois devrait doubler d’ici 2020, et représenter 24 millions de véhicules, ce qui pourrait affecter le marché du neuf à moyen terme. La Chine est le pays disposant de la plus importante flotte de véhicules électriques, la demande étant tirée par une généreuse subvention gouvernementale (23% du prix de vente). Exceptée dans la technologie des batteries, la Chine est en retard sur les autres pays en matière de R&D et de technologie brevetée, mais appuie sur l’accélérateur pour revenir sur ses concurrents.

France : ​Le coup d’accélérateur

​La reprise économique française a soutenu la croissance des ventes lors des 8 premiers mois de 2017 (+4,2% a/a). Les ventes devraient croître de +3% en 2017 et +2% en 2018, de 2,5 millions et 2,6 millions de véhicules neufs respectivement. Les constructeurs et équipementiers français maintiennent leur structure financière solide, avec le deuxième BFR le plus bas parmi les 8 pays étudiés. Les équipementiers français restent proactifs en nouant des partenariats stratégiques sur les technologies relatives à la connectivité et à la conduite autonome. En juillet 2017, le gouvernement a annoncé que les voitures roulant au gazole et à l’essence pourraient être bannies d’ici 2040. Les ventes de VE (20 000 au S1 2017) devraient poursuivre leur croissance à deux chiffres, actuellement soutenues par de généreuses subventions.

​Allemagne : Plombée par le Diesel ?

​Malgré le scandale des émissions et les suspicions d’ententes ayant entrainé un recul de la part de marché du diesel de 46,9% au S1 2016 à 41,3% au S1 2017, les ventes de véhicules neufs en Allemagne s’élèvent à 2,4 millions d’unités sur les 6 premiers mois de l’année (+2,1% a/a). Les ventes devraient croître de +2,2% en 2017 et +1,7% en 2018. La capacité des constructeurs allemands à s’orienter vers les énergies alternatives au diesel déterminera la croissance des ventes à moyen terme, particulièrement pour les marchés européens. L’Allemagne, leader européen des brevets et des dépenses de R&D – l’industrie automobile allemande a investi 37 Mds EUR en 2015, contre 29,4 Mds EUR pour le Japon – a fortement misé sur l’électromobilité et les systèmes de conduite hybride, deux objectifs principaux du virage technologique entamé. Les ventes de voitures électriques, boostées par le scandale diesel, ont augmenté de +115,5% à 22 453 voitures au S1 2017, et devraient dépasser la barre des 50 000 unités cette année.

Inde : Le moteur tourne à plein régime

​Avec l’une des croissances les plus rapides au monde, les ventes de véhicules de l’Inde sont attendues en hausse de +10,7% en 2017 et +13,5% en 2018 (4,1 millions et 4,6 millions d’unités respectivement). En stimulant les ventes à court terme, l’harmonisation des taxes pour les Biens et les Ventes lancée en juillet 2017 a tiré les prix vers le bas dans certains segments. L’engagement du gouvernement à investir dans les infrastructures, combiné à une demande croissante provenant d’une population massive et jeune, soutient les perspectives positives de croissance à moyen terme. Néanmoins, l’Inde est en retard en termes d’innovation et de dépenses en R&D, alors que le manque d’énergie et d’infrastructures a entravé l’adoption de la voiture électrique : la flotte de VE de l’Inde ne représentera que 10% de celle de la Chine en 2017.

Italie : Sur la voie rapide

L’Italie enregistre la meilleure croissance des marchés automobiles européens : les ventes de véhicules neufs devraient y croître de +7% en 2017 et de +5% en 2018 (2,2 millions et 2,3 millions d’unités respectivement). Cette performance est soutenue par une intense bataille des parts de marché et par un net regain de confiance des ménages et des entreprises. Toutefois, cette confiance pourrait être tempérée par les hauts niveaux de dette publique et un risque de crise bancaire accru. Dans une industrie principalement composée de PME, et par conséquent disposant de ressources financières limitées, seul 4% des brevets mondiaux ont été déposés par l’Italie en 2015. Les dépenses de R&D n’atteignent que 5 Mds EUR la même année, contre 37 Mds EUR pour l’Allemagne. Avec un soutien gouvernemental limité et des infrastructures qui évoluent lentement, l’adoption de la voiture électrique n’en est qu’à ses prémisses en Italie.

​Japon : Sain et sauf

​Après deux années de contraction des ventes, le marché japonais de l’automobile devrait se reprendre (+2% en 2017 et +0,2% en 2018). Malgré l’effet prolongé de la hausse de 50% de la taxe sur les petites voitures en 2015, la croissance des ventes sera alimentée par l’extension des bénéfices de la taxe « eco-car ». La reprise économique mondiale et la faiblesse du Yen pourraient aussi soutenir les exportations japonaises de voitures à court terme. Les constructeurs japonais sont les plus rentables au monde, bien qu’ils investissent lourdement (29, Mds EUR en R&D en 2015 et 1 854 brevets déposés en 2016). Face aux importantes subventions reçues par les technologies concurrentes, de l’hybride à l’hydrogène, les ventes de voitures électriques sont modérées et ne représentaient en 2016 que 0,5% des immatriculations de véhicules neufs japonais (24 000 unités).

Royaume-Uni : Coup de frein sur la confiance

​Après 5 années consécutives de solide croissance des ventes, alimentées par la faiblesse du coût du financement, les ventes de véhicules neufs sont attendues en net recul de -5% en 2017 (3 millions d’unités) et -6% en 2018 (2,8 millions d’unités) au Royaume-Uni. Si la dégringolade des prix des véhicules d’occasions a eu un impact direct et modérateur sur les ventes de neufs, les deux marchés ont considérablement ralenti l’an dernier sous l’incertitude pesante du Brexit, la faiblesse de la livre et la confiance dégradée des ménages et des entreprises. La moitié des voitures produites au Royaume-Uni étant exportées en Europe, les effets du Brexit affectent déjà peut-être les ventes britanniques. Il pourrait également y avoir des effets de second tour, la plupart des fonds du secteur provenant des investissements de R&D européens. Le Brexit continuera à peser quoiqu’il en soit, dans un secteur où les investissements en R&D s’élèvent à seulement 1,8 Mds EUR (plus faible total des pays étudiés). Néanmoins, les ventes de véhicules électriques, subventionnés à moins de 15%, ont bénéficié de l’interdiction par le gouvernement des ventes de véhicules diesel et essence d’ici 2040. Malgré un réseau de chargement épars, les ventes de VE devraient connaitre une solide croissance à deux chiffres.

Etats-Unis : Une croissance qui s’enraye

​Face à une mutation majeure, le marché automobile américain devrait se contracter de -2,5% en 2017 (17,4 millions d’unités vendues) et de -1,8% en 2018 (17,1 millions). Les défauts de paiement sur des prêts automobiles ont explosé, compliquant l’obtention de crédit et affectant les ventes. La montée du marché de l’occasion tire les prix à la baisse, éloignant ainsi les consommateurs du marché des véhicules neufs. L’augmentation des stocks contribue également au déclin des marges bénéficiaires pour les constructeurs automobiles. Les Etats-Unis restent un leader de l’innovation, en particulier dans le domaine des batteries. En 2015, les dépenses de R&D américaines se chiffraient à 16,8 Mds EUR, soit le troisième plus gros montant derrière l’Allemagne et le Japon. Toutefois, les Etats-Unis surclassent ces deux pays en termes brevets déposés.