La croissance vietnamienne reste solide en 2016, mais les vulnérabilités de court terme persistent

La croissance économique vietnamienne devrait enregistrer un léger fléchissement en 2016, à +6% (après +6,7% en 2015). « Ce recul s’explique par l’affaiblissement de la performance commerciale du Vietnam : les importations du pays ont cru plus rapidement que ses exportations », explique Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes.

Une croissance qui reste solide, dans un climat d’affaires qui s’améliore

Néanmoins, l’économie vietnamienne devrait renouer avec une croissance plus forte en 2017 (+6,5%) grâce à un policy-mix destiné à soutenir la croissance, couplant politique monétaire accommodante et politique budgétaire assouplie, et à une forte compétitivité prix, le dong étant une des monnaie les moins chère au monde. « Viennent ensuite se greffer un accroissement des flux d’investissements étrangers, une hausse des salaires, et une amélioration de la confiance du secteur privé. Une conjonction qui soutient directement la demande domestique », complète Ludovic Subran.

Par ailleurs, le climat d’affaires s’améliore au Vietnam. En témoigne sa progression dans le classement du Ease of Doing Business (publié par la banque mondiale), où le pays gagne 3 places. Des progrès ont été faits notamment sur le cadre fiscal et la résolution des cas de défaillances d’entreprises.

Enfin le pays bénéficie d’une double alliance stratégique avec les Etats Unis et la Chine. Outre les liens commerciaux et d’investissement, le pays est inclus dans des projets d’accords économiques phares des deux géants, à savoir l’accord de partenariat Trans Pacifique des Etats Unis et le One Belt One Road de la Chine.

Mais les risques de court terme persistent : finances publiques et position de liquidité

La dette publique vietnamienne reste élevée au regard du niveau de dette des autres pays de la région, dépassant les 60% du PIB. Et avec un déficit budgétaire important, la situation ne devrait pas s’inverser à court terme. « La faiblesse du prix des matières premières est un frein pour la croissance des revenus de l’Etat. De plus, la politique fiscale accommodante prévoit une réduction de l’impôt sur les sociétés et inclut un niveau élevé des dépenses publiques », confirme Ludovic Subran.

Le risque bancaire est aussi à surveiller. Le ratio de prêts non performants a diminué (2.6% fin 2015 contre 3,25% en 2014), mais une croissance trop forte du crédit pourrait inverser la tendance.

Enfin, la position de liquidité du Vietnam n’est pas idéale, les réserves de change couvrant péniblement 2 à 3 mois d’importations. Le risque de change reste prégnant, en témoignent les 3 dévaluations enregistrées en 2015. Les conditions extérieures ne sont pas non plus pour aider le pays à court terme : l’excédent de la balance courante subit la croissance rapide des importations (en comparaison aux exportations).