Le taux de marge des entreprises françaises devrait rester stable en 2018

Le taux de marge des entreprises françaises s’est établi à 31,8% au T4 2017, en légère hausse par rapport au trimestre précédent (31,7%), et en stabilité depuis maintenant deux ans et demi. Selon Euler Hermes, le leader mondial de l’assurance-crédit, le taux de marge reste bloqué en-dessous de son niveau d’avant-crise (33,5% au T1 2008) du fait de conditions de prix et de taxes moins favorables.

« La baisse du prix du pétrole est derrière nous. Le cours du baril a connu une hausse modérée ces derniers mois qui a pesé sur les coûts de production et donc mécaniquement sur les marges des entreprises françaises. D’autre part, l’effet du CICE tend à s’estomper, tandis que les nouvelles mesures budgétaires pro-entreprises annoncées ne sont toujours pas en vigueur et n’ont donc pas pris le relai», explique Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez Euler Hermes.

La stabilité générale masque toutefois d’importantes disparités sectorielles. Le taux de marge dans l’industrie manufacturière s’établissait à 38,2% au T3 2017, un plus haut historique, en hausse ininterrompue depuis 2012. Les entreprises du secteur, profitant d’un environnement conjoncturel porteur, ont également vu leur chiffre d’affaires croître récemment, de +6,6% a/a fin décembre 2017. Pour le commerce en revanche, la situation est plus tendue. Le taux de marge du secteur était de 26,5% au T3 2017 contre 34,7% au T1 2008. Les services aux entreprises sont également en difficulté, avec des marges à 27,1% au T3 2017 contre 35,9% avant crise. Contrairement à l’industrie manufacturière, ces deux secteurs ont moins profité des mesures publiques de soutien, dont le CICE.

A l’échelle nationale, Euler Hermes prévoit pour le premier semestre 2018 une nouvelle stabilisation des marges des entreprises françaises, relative tant à un effet demande qu’à un effet coût. « Le pouvoir d’achat des ménages n’a progressé que de +1,5% en 2017, contre +1,8% en 2016. Cette décélération est majoritairement due au retour de l’inflation, en hausse de +0,5% au dernier trimestre de 2017 contre +0,1% au trimestre précédent. Il s’agit d’un frein important pour la consommation des ménages, qui devrait peser sur les perspectives commerciales des entreprises. Par ailleurs, nous estimons que le prix du pétrole devrait continuer de croître, à 64 USD le baril en moyenne en 2018 contre 54 USD en 2017, affectant à nouveau la rentabilité des entreprises françaises », prévoit Stéphane Colliac.

Comment faire en sorte que les marges redécollent et percent le plafond des 33% ? « Les entreprises françaises sont optimistes malgré une demande qui n’accélère pas. Cela durera-t-il ? Puisque la conjoncture ne suffit plus à accroître leur rentabilité, un soutien plus prononcé de l’Etat serait le bienvenu », conclut Stéphane Colliac.