Le secteur de la chimie en Europe : coûts de production faibles et profitabilité solide
Dans sa dernière étude, intitulée « Le secteur de la chimie en Europe : faibles coûts de production et solide profitabilité face aux défis de la demande mondiale et de la concurrence américaine », Euler Hermes dresse le bilan de l’année 2016 pour l’industrie chimique européenne. Faiblesse du prix des matières premières, profitabilité solide, concurrence américaine, et atonie de la demande mondiale : quel constat pour la chimie européenne en 2016, et quelles perspectives pour 2017 ?
Le risque sectoriel de la chimie européenne est noté « faible »...
Le secteur européen de la chimie se porte bien, selon Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes. « Les entreprises de l’industrie chimique européenne restent profitables, malgré une évolution contrastée des chiffres d’affaires. Le taux de marge opérationnelle devrait se maintenir aux alentours de 10% en 2016, une constante depuis 2010, d’où un risque sectoriel que nous avons décidé de noter ‘faible’ pour l’Europe. »
...Mais de nombreux défis sont à prévoir en 2017
« Néanmoins, la vigilance reste de mise », tempère Marc Livinec, conseiller sectoriel chez Euler Hermes. « La performance du secteur repose avant tout sur la faiblesse du prix des matières premières : l’effondrement du cours du naphta (-60% depuis 2013) compense la stagnation des chiffres d’affaires des entreprises du secteur. »
Par ailleurs, la forte dépendance de la chimie aux fluctuations de la demande mondiale constitue un important défi à relever pour le secteur. Les incertitudes liées au Brexit et l’atonie du commerce international devraient continuer à peser sur le taux de croissance de la production, attendu à +1,3% en 2016 et à +1,1% en 2017.
À horizon 2021, la concurrence chimique d’outre-Atlantique rebattra les cartes. Les pétrochimistes américains profitent actuellement de la manne du gaz de schiste, qui leur permet de produire de l’éthylène à moindre coût : entre 2011 et 2013, l’éthylène coûtait 600 USD de plus en Europe qu’en Amérique du Nord, et même si cet écart a été réduit depuis 2014, il reste conséquent, aux alentours de 300 USD. « Les américains en retirent un avantage concurrentiel, grâce auquel ils investissent massivement dans de nouvelles usines. Ces nouveaux investissements d’un montant de quelque 90 milliards USD devraient être opérationnels d’ici 2021 », explique Marc Livinec.
Miser sur la R&D pour contrer la concurrence américaine
Pour relever ces défis, Marc Livinec estime que « les chimistes européens doivent concentrer leurs investissements dans les activités innovantes en aval de la chaîne de production. Cela leur permettra de générer une plus grande valeur ajoutée, et de se démarquer de la concurrence étrangère. »
Des investissements rendus possibles, là aussi, par la baisse des coûts de production. « La faiblesse durable des prix du pétrole a offert à la chimie européenne une bouffée d’oxygène bien méritée, et elle se bat désormais au coude à coude avec les américains », conclut l’expert.