Le PIB mondial se contractera de -4,7% en 2020 avant de rebondir de +4,8% en 2021

15/07/2020

Selon Euler Hermes, le leader mondial de l’assurance-crédit, le PIB mondial se contractera de -4,7% en 2020 avant un rebond de +4,8 % en 2021. Depuis avril 2020, l'économie mondiale fonctionne à 70-80% de sa capacité et cette situation devrait persister jusqu'au quatrième trimestre 2020, en raison des mesures de confinement ciblées et des restrictions sanitaires prolongées. Un retour aux niveaux d'avant la crise pour l'économie mondiale n'est maintenant prévu qu'à la fin de 2021. Toutefois, la gestion des risques d'une deuxième vague sera cruciale pour déterminer l'ampleur du choc.

  • Les mesures de relance monétaire et budgétaire prises en réponse à la crise de Covid-19 se sont élevées à plus de 18.000 milliards de dollars en 2020, soit 1,3 fois le PIB chinois. Dans le même temps, le soutien budgétaire mondial s'élève à 10.400 milliards de dollars depuis mars 2020 (12% du PIB mondial), soit entre 3 et 18% du PIB des pays.

  • L'Europe n'atteindra son niveau de PIB d'avant-crise qu'en fin 2022/2023, tandis que la Chine et les États-Unis l'atteindront un an plus tôt, en fonction de la gestion de la deuxième vague. Selon Euler Hermes, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse et l'Autriche devraient se redresser plus rapidement, tandis que le Japon, les États-Unis, l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Italie doivent continuer à relancer leurs économies pour compenser la faiblesse des stabilisateurs automatiques. La question clé reste le soutien à la reprise à venir, ainsi que l'aide ciblée aux secteurs les plus touchés jusqu'à la fin de l'année. Avec des risques de solvabilité plus élevés au second semestre 2020 et en 2021, Euler Hermes prévoit une augmentation de +35% des faillites mondiales en 2020-21.

  • Le commerce mondial ne devrait pas revenir aux niveaux d'avant la crise avant 2023, car les flux internationaux dans le secteur des services resteront plus longtemps affectés. D’ailleurs, une contraction du commerce mondial de -15% en volume est à prévoir en 2020, avec une reprise de +8% en 2021 et de +4,1 % en 2022. Les pertes à l'exportation (4 500 milliards de dollars en 2020) révéleront également de grandes asymétries entre les pays et les secteurs. Les activités de services mettront beaucoup plus de temps à se redresser (2023 pour les services liés au tourisme et au transport) par rapport aux échanges de biens, qui devraient retrouver leur niveau d'avant la crise d'ici la fin de 2022. Le secteur de l'énergie sera le plus touché en 2020 (-733 milliards de dollars US de pertes d'exportation), suivi par les métaux (-420 milliards de dollars US) et les services de transport liés aux constructeurs automobiles (-270 milliards de dollars US).

  • Côté français, le PIB devrait se contracter de -10,8 % en 2020 avant de rebondir de +7,4 % en 2021. La récession historique de 2020 sera principalement due à l'effondrement de la demande intérieure. Alors que l'investissement devrait chuter fortement de -21,7% (en glissement annuel), la baisse de la consommation sera plus modérée (-10,1%). Le déconfinement permettra un rebond de la croissance au troisième trimestre (+16% t/t) étant donné les effets de rattrapage liés à la réouverture de certains secteurs. Un retour de l’activité à 90% de son niveau d’avant crise est à prévoir après 77% au deuxième trimestre. Néanmoins, les mesures sanitaires encore en place et un retard dans l’implémentation d’un plan de relance limiteront la reprise par la suite avec un plateau à 95% des niveaux d’avant crise jusqu’au T2 2021. Euler Hermes estime que le PIB atteindra son niveau d’avant crise seulement au troisième trimestre 2022.

  • En France, les entreprises étaient déjà en mauvaise posture avant l'apparition du Covid-19. Leur ratio dette/PIB de 74% était déjà supérieur à la moyenne de la zone euro (60%). Les entreprises étaient également à court de liquidités au début de l'année 2020. Aussi, pour amortir l'impact de la crise, les entreprises françaises, notamment les PME, ont dû recourir massivement à des prêts de trésorerie, en particulier sur la base du système de prêts garantis par l'État (PGE) mis en place après le choc de la crise du Covid-19. De plus, la part des PME françaises qui affichent un endettement très élevé en même temps qu’une rentabilité et un ratio de fonds propre faibles reste supérieur à la moyenne européenne, Compte tenu de l'ampleur du choc et de la lenteur de la reprise, on s'attend à une recrudescence des défaillances à partir du troisième trimestre 2020.