Les perspectives de l’Italie face à l’incertitude des politiques économiques

Quelques jours après la nomination d’un nouveau gouvernement de coalition en Italie, Euler Hermes fait le point sur les perspectives économiques italiennes. Alors que le pays a enregistré en 2017 sa meilleure croissance économique depuis de nombreuses années, le leader mondial de l’assurance-crédit prévoit un important ralentissement en 2018 et 2019, en raison de la récente incertitude politique et des futures orientations fiscales de la nouvelle administration qui fragilisent la confiance.

Après une belle année 2017, ralentissement économique en vue pour l’Italie en 2018.

En 2017, le PIB italien a cru de +1,5%, sa meilleure performance depuis 2010, en nette accélération par rapport aux années précédentes. Les réformes passées et la reprise conjoncturelle en Europe ont donné une forte impulsion à l’activité économique italienne. Cependant, cette dynamique positive reste fragile et l’incertitude politique amplifie cette fragilité.

En effet, 88 jours après les élections générales du 4 mars 2018, l’Italie a dû s’y reprendre à deux fois afin de former un gouvernement de coalition regroupant le M5S et la Ligue du Nord. Une situation qui pourrait avoir un impact sur la demande domestique, avec des décisions d’investissement et de consommation repoussées ou abandonnées par les agents économiques. D’ailleurs, alors que les ménages avaient retrouvé la confiance depuis mi-2017, les récents indicateurs avancés ne prêtent guère à l’optimisme.

Cette longue période d’incertitude a également fait naître de fortes tensions financières pour l’Italie : la hausse des spreads souverains au mois de mai a été la plus forte constatée depuis 2011 et la courbe des taux s’est aplatie pour la première fois depuis 2007. Ceci a alimenté les inquiétudes quant à la situation des banques italiennes, qui détiennent encore un stock très élevé de prêts non-performants (14% du total des prêts). Les inquiétudes du marché reflètent un retour à la réalité de fondamentaux italiens encore fragiles. Cela annonce une dégradation des conditions de financement de l’Etat italien avec des spreads obligataires à 10 ans attendus durablement au-dessus de 200 points de base. De quoi certainement affaiblir la croissance en 2018, attendue en ralentissement à +1,2% cette année par Euler Hermes.

La politique budgétaire prévue par la coalition pèsera sur les perspectives italiennes

La politique budgétaire prévue par le nouveau gouvernement de coalition comporte d’importantes baisses de taxes et une hausse des dépenses de l’ordre de 126 Mds EUR (environ 7% du PIB). Au vu des contraintes institutionnelles, il sera compliqué pour l’administration en place d’appliquer la totalité de ce plan budgétaire.

Euler Hermes a donc simulé l’impact qu’aurait la mise en place de 30% des mesures budgétaires annoncées dès 2019, ce qui représente le scénario le plus probable. Le déficit budgétaire se creuserait de -2,3% du PIB à -3,5% en 2019 alors que la dette publique se creuserait de +1 point, à 132% du PIB. De plus, l’instabilité de la confiance des agents économiques pourrait être un poids pour le secteur privé. Finalement, et malgré un stimulus positif estimé à +0,4 point, la croissance italienne ne devrait progresser que de +0,8% en 2019, soit une seconde année successive de ralentissement.

Par ailleurs, si les marchés se montrent méfiants envers l’Italie, ils restent encore rassurés par le surplus de balance primaire du pays (+1,5% du PIB en 2017). Conserver ce surplus apparait alors essentiel pour ne pas aggraver le ressenti négatif des investisseurs envers l’Italie. Euler Hermes estime toutefois que ce dernier reculera à +0,3% du PIB en 2019, avant de basculer en territoire négatif dès 2020 si l’application du plan budgétaire annoncé se poursuit. Ce serait une première depuis 2009, représentant un facteur aggravant à long terme pour l’économie italienne.