Le secteur des transports fera le grand écart en 2016

​​Euler Hermes livre ses prévisions internationales pour le secteur des transports en 2016. Un panorama mondial notamment influencé par la faiblesse des cours du pétrole, l’atonie du commerce mondial, et la structure des marchés.

​​​​Le transport aérien, grand gagnant de la baisse du pétrole

Après avoir doublé en 2015, les bénéfices du transport aérien devraient de nouveau augmenter en 2016 (+10%). Le secteur profite à la fois de l’augmentation des volumes et de la baisse des coûts du carburant.

« Les volumes devraient continuer à croître en 2016, le trafic passager étant attendu en hausse (+6%). De plus, les coûts d’approvisionnement resteront limités, dans un contexte de faiblesse durable des prix du pétrole, qui a permis une réduction de -20% de la facture de kérosène en 2015 » , précise Yann Lacroix, conseiller sectoriel chez Euler Hermes.

Si l’augmentation des profits est particulièrement impressionnante en Amérique du Nord, où la marge bénéficiaire nette a atteint 9,5% en 2015, elle reste plus modérée en Europe (3,5%). Une différence en partie expliquée par des restructurations au sein des compagnies aériennes américaines, qui leur permettent aujourd’hui d’afficher des coefficients d’occupation très solides.

​2016, année de stagnation pour le transport terrestre

Dans un contexte de croissance économique mondiale atone, le transport routier ne devrait pas connaitre d’évolution majeure en 2016, ne profitant même pas de la faiblesse du cours du Brent.

« L’impact limité de la baisse des cours du pétrole tient au fait que, dans de nombreux pays, les prix du carburant appliqués par les transporteurs font l’objet de clauses d’indexation. Les résultats du transport routier dépendent alors davantage des situations nationales que du niveau des prix du carburant », détaille Yann Lacroix.

Le transport routier dépend aussi du niveau de ses coûts salariaux, notamment en Europe, où ils représentent le principal poste de dépense (29% des coûts totaux). Néanmoins, à compter du 1er juillet 2016, les routiers étrangers en France devraient être payés au SMIC, ce qui pourrait changer la tendance. De plus, le secteur souffre de sa forte fragmentation : il se compose avant tout de PME qui, n’ayant guère de poids dans la fixation des tarifs, affichent une rentabilité limitée.

Le transport maritime paie ses investissements d’avant-crise

​Le secteur pâtit de l’atonie du commerce mondial, qui pénalise directement l’indice Baltic Dry (indice du transport maritime de vrac sec).

Celui-ci a d’ailleurs chuté de 50% en 2015, se situant désormais à un niveau quatre fois inférieur à celui de 2013. Le secteur connaît une vague importante de fusions-acquisitions visant à sa consolidation, l’objectif étant pour les principaux acteurs de renforcer leur capacité de fixation des prix, et donc leur rentabilité, qui reste très médiocre pour l’instant.

Selon Yann Lacroix, « cette tendance devrait se poursuivre en 2016, du fait de la persistance de surcapacités résultant d’investissements massifs lancés avant la crise de 2009 et aujourd’hui mis à l’eau. »