Franc CFA : le potentiel des zones CEMAC et UEMOA est-il sous-exploité par leurs membres ?
Dans sa dernière étude sur l’Afrique, Euler Hermes se penche sur le Franc CFA. Le leader mondial de l’assurance-crédit fait le point sur la situation du Franc CFA et des deux zones dans lesquelles cette monnaie est utilisée. Au sommaire de ce rapport inédit :
- En 2014, la chute du prix des matières premières a révélé quelques vulnérabilités du Franc CFA. Malgré tout, cette monnaie n’est pas dans une situation aussi difficile qu’en 1994, lorsqu’elle avait été dévaluée de -50% dans ses deux zones d’utilisation : l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Alors que des divergences apparaissent entre les membres de ces unions, l’heure est à l’optimisme modéré quant à la stabilité du Franc CFA.
- La zone CEMAC est sous pression. Selon Euler Hermes, le commerce intra zone en valeur représente 200 millions USD de moins que ce qu’il devrait représenter au regard des conditions commerciales existantes dans la zone : frontières, langue et monnaie communes. De toute évidence, la monnaie est surévaluée dans la région, principalement du fait du recul du prix du pétrole. Cela a conduit à une hausse de la dette publique et à une chute des réserves de change. Malgré ces fragilités, un éclatement de la zone ou une dévaluation du Franc CFA à horizon 5 ans semblent peu probables. Toutefois, si le prix du pétrole chutait durablement à 30 USD/baril, alors la CEMAC serait obligé de dévaluer le Franc CFA, mais la zone resterait toujours unie.
- La zone UEMOA est sous contrôle. La dette publique s’est accrue mais reste gérable, le cours du Franc CFA ne semble pas surévalué, et les réserves de changes sont adéquates. Cependant, les pays membres ne tirent pas profit au maximum de l’Union Monétaire : les flux commerciaux intra zones sont en dessous de leur potentiel pour 5 pays sur 8. L’accord commercial CEDEAO et le projet de nouvelle monnaie ECO avec les pays anglophones voisins (Ghana, Nigéria) pourraient changer la donne. Mais le Franc CFA devrait bien fêter ses 100 ans avant que l’ECO ne le remplace.
Quelles perspectives pour la France en Afrique ?
Cette année, les exportations françaises vers l’Afrique devraient croître de +1,4 Mds EUR. Une demande additionnelle à saisir conséquente pour les entreprises tricolores, d’autant que ce rebond intervient après trois années consécutives de contractions des exportations françaises vers l’Afrique.
« Trois secteurs ont un vrai coup à jouer cette année en Afrique. Le premier est l’agroalimentaire, avec +0,75 Mds EUR de demande à saisir en Afrique pour les entreprises du secteur. La sécheresse connue par le continent l’oblige à importer plus de denrées alimentaires qu’à l’accoutumée. Viennent ensuite le matériel électrique (+0,3 Mds EUR) et l’aéronautique (+0,15 Mds EUR) », explique Stéphane Colliac, économiste expert de l’Afrique chez Euler Hermes.
Quels sont les pays à privilégier pour les exportateurs français ? Le premier est le Maroc, qui offrira aux entreprises françaises +0,4 Mds EUR de demande additionnelle à saisir. La vigilance est toutefois de mise, car les défaillances devraient croître de +7% au Maroc cette année. Les deux autres pays à potentiel pour nos exportateurs sont l’Egypte (+0,3 Mds EUR) et l’Algérie (+0,2 Mds).