En France, le chiffre d’affaires cumulé des grandes défaillances représente 4,1 milliards d'euros sur les 12 derniers mois

Le nombre de défaillances d’entreprises s’est replié en France de -8% entre mars 2017 et mars 2018. Cette nouvelle amélioration s’inscrit dans la continuité de la dynamique observée en 2017 (-7%), et laisse présager une contraction du même ordre pour 2018. Euler Hermes estime que le recul continu des défaillances d’entreprises en France est dû au rebond de la croissance tricolore, attendue à +2,1% en 2018 (+1,9% en 2017 et +1,1% en 2016), mais alerte sur des niveaux qui restent préoccupants. En effet, à la fin du premier trimestre 2018, en cumul 12 mois, le volume de défaillances constaté restait supérieur de 12% à celui de 2007.

Les grandes défaillances pourraient remettre la dynamique générale en question

Malgré une situation globalement positive, Euler Hermes s’inquiète principalement des défaillances de grandes entreprises (entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions d’euros) : 25 grandes défaillances ont été comptabilisées en France à fin mars 2018 (cumul 12 mois), contre 12 seulement sur la même période l’an passé. De plus, le risque de sévérité s’accentue. Entre fin mars 2017 et fin mars 2018, le chiffre d’affaires cumulé des grandes défaillances a fortement augmenté, représentant 4,1 Mds EUR contre seulement 1,1 Mds EUR sur la même période l’an passé. Le commerce de détail (1,2 Mds EUR) et l’agroalimentaire (0,9 Mds EUR) sont les secteurs les plus fragilisés.

Le constat est similaire si l’on réduit le périmètre d’étude au trois premiers mois de 2018. Entre début janvier et fin mars 2018, le chiffre d’affaires cumulé des grandes défaillances a explosé, représentant 1,2 Mds EUR contre 0,1 Mds EUR sur la même période l’an passé. Là encore, le commerce de détail (0,5 Mds EUR) est le plus affecté.

Cette dégradation est à mettre en parallèle de l’endettement des entreprises françaises. Selon Euler Hermes, la dette des entreprises françaises devrait à nouveau augmenter au T1 2018, et représenter 72% du PIB tricolore, soit 12 points de plus que fin 2010. Une évolution à rebours du reste de la zone euro, pour laquelle la dette des entreprises représentait en moyenne 64% du PIB fin 2017.

Dès lors, comment analyser un tel constat ? Quels sont les implications des difficultés croissantes rencontrées par les grandes entreprises ?

« On observe que les défaillances d’aujourd’hui concernent des entreprises de grande taille, réalisant des chiffres d’affaires conséquents, et commerçant avec de nombreux fournisseurs. Les difficultés de ces grands acteurs peuvent affecter l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de valeur. Si elles ne sont plus en mesure de remplir leurs obligations, les grandes entreprises pourraient mettre en danger leurs partenaires les moins solides et les entrainer dans leur chute. Ainsi, un scénario de défaillances en chaîne n’est pas à exclure, ce qui pourrait remettre en question la dynamique positive enclenchée depuis 2016 », conclut Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez Euler Hermes.



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