Défaillances d’entreprises en France au T3 2017 : L’embellie se confirme, mais attention à l’effet domino !
Le nombre de défaillances d’entreprises s’est replié de -7% en France entre septembre 2016 et septembre 2017. Une amélioration qui fait suite au redressement des marges des entreprises, de 29,8% à fin 2013 à 31,6% au 3ème trimestre 2017. Euler Hermes estime que les défaillances d’entreprises devraient reculer de -7% en 2017.
« L’embellie existe, mais nous ne parvenons pas à retrouver les niveaux d’avant-crise : le nombre de défaillances constatées entre septembre 2016 et septembre 2017 reste 13% supérieur à celui observé fin 2007. De plus, nous prévoyons un ralentissement de la contraction dès 2018, avec un recul des défaillances qui se limitera à -4%. Par ailleurs, avec le dynamisme retrouvé du commerce mondial (+7% de croissance attendus en 2017), les entreprises françaises vont accroître leurs relations commerciales avec des partenaires qu’elles ne connaissent pas, dans des environnements qu’elles maitrisent peu. Dans ce contexte, le risque d’impayé reste important », analyse Eric Lenoir, Président du Comité Exécutif d’Euler Hermes France.
D’autre part, le mécanisme de rétablissement professionnel, adopté en 2014, modifie la procédure de traitement des difficultés des entreprises unipersonnelles (EURL), excluant des statistiques de nombreuses défaillances d’entreprises de ce type. Ce changement de périmètre complique la comparaison des niveaux de défaillances d’EURL de 2016 à ceux de 2007. En éliminant ce biais statistique, le constat est sans appel : en France, entre septembre 2016 et septembre 2017, le nombre de défaillances d’entreprises, hors EURL, est 40% supérieur au volume d’avant-crise.
Une dynamique positive portée par les services aux entreprises et la construction
Deux secteurs ont largement contribué au mouvement de recul des défaillances observé en cumul 12 mois à fin septembre 2017. Le secteur des services aux entreprises, pour lequel les défaillances se sont contractées de -12,9% sur la période, profite de l’amélioration de la confiance des entreprises. « Selon l’indice de l’INSEE, la confiance dans l’industrie manufacturière atteint 111, son plus haut niveau depuis décembre 2007. Les entreprises industrielles sont plus optimistes, et donc plus ouvertes à l’investissement (attendu en croissance de +4,1% en 2017) et à la consommation de services. Ainsi, les perspectives de demande se renforcent pour le secteur des services aux entreprises », explique Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez Euler Hermes.
La construction confirme également son retour au premier plan, initié en 2016. Les permis de construire ont bondi de +13% en un an, et les ménages ont retrouvé confiance en l’avenir : leur investissement dans la construction a cru de +1,5% en 2016, et devrait croître de +5,2% en 2017, plus haut niveau constaté depuis 1999. De bon augure pour l’activité des entreprises du BTP, dont les chiffres d’affaires devraient croître de +4,7% en 2017, après +0,6% en 2016 et -2,2% en 2015. En résulte une contraction des défaillances de -13,8% sur la période étudiée.
Grandes défaillances d’entreprises : vers un risque d’effet domino ?
Même si la situation s’arrange pour ces deux secteurs, ils restent dans une situation préoccupante. En effet, le volume cumulé de défaillances dans la construction et les services aux entreprises entre septembre 2016 et septembre 2017 représente près d’un tiers du total des défaillances d’entreprises françaises sur la période. Autre signal alarmant pour la construction, la recrudescence de grandes défaillances (+13% a/a). Les trésoreries des entreprises du secteur sont fortement sollicitées du fait de la croissance de l’activité.
Le commerce de détail est aussi affecté par ce phénomène. Les grandes défaillances d’entreprises ont cru de +60% dans le secteur sur la période étudiée. « Entre guerre des prix féroce et virage digital difficile à négocier, les grand détaillants français subissent une intense pression. En résulte une détérioration prononcée de leurs états financiers, avec un résultat d’exploitation amoindri (2,6% en 2016) et un taux d’endettement qui explose (95% en 2016) », développe Stéphane Colliac. Un effet domino n’est pas à exclure. Les plus petits fournisseurs seraient affectés par les difficultés des grands acheteurs, et les incidents de paiements pourraient repartir à la hausse pour le secteur et ses fournisseurs.