Brexit : 1 an après, quel bilan dresser pour l’économie britannique ?

Euler Hermes analyse les premiers impacts visibles du Brexit. Un an après le référendum, comment se porte l’économie britannique ? Ménages, entreprises, investisseurs : qui ont été les plus affectés par le vote pro-Brexit ?

Les ménages britanniques sont les premiers à payer l’addition

Depuis mai 2016, la livre sterling a perdu 9% de sa valeur en termes effectifs réels, et 13% face à l’euro. La facture des biens à l’importation s’est alourdie pour les entreprises britanniques, d’où une forte montée de l’inflation, à +2,9% a/a en mai 2017 (+0,3% a/a l’an passé). De leur côté, les salaires réels se sont contractés de -0,2% a/a en mars 2017 (+1,7% a/a l’an passé). « Dans ce contexte, le pouvoir d’achat des ménages britanniques est fortement handicapé. La consommation des ménages n’a cru que de +0,2% t/t au T1 2017 (+0,6% a/a l’an passé), et cela ne devrait pas s’améliorer. Nous estimons qu’elle devrait ralentir à +1,9% en 2017 après +2,8% en 2016 », estime Ana Boata, économiste en charge l’Europe de l’Ouest chez Euler Hermes.

Par ailleurs, alors que le taux d’épargne a atteint son plus faible niveau depuis 1963 au dernier trimestre 2016 (3,3% du revenu disponible brut), la confiance des ménages se montre moins résiliente que par le passé. « Avec un matelas de protection plus fin, et des perspectives futures jugées peu encourageantes, les ménages britanniques devraient limiter leurs dépenses futures », complète Ana Boata.

Les entreprises britanniques gardent le cap en surface

Au Royaume-Uni, l’inflation soutient artificiellement les chiffres d’affaires des entreprises. En avril 2017, ils ont augmenté de +4,5% a/a dans l’industrie (+0,4% a/a l’an passé). « A cause de la forte dépréciation de la livre, le prix des entrants augmente plus vite que les prix de ventes. Comme les entreprises britanniques sont fortement dépendantes des fournisseurs étrangers, leur rentabilité est mise en danger », confirme Ana Boata. De plus, afin de stabiliser la livre sterling, la Banque d’Angleterre pourrait monter son taux directeur au S2 2017, ce qui pèserait davantage sur les marges des entreprises. Cela pourrait se matérialiser par une dégradation des comportements de paiement. En effet, depuis 3 trimestres, les défaillances d’entreprises au Royaume-Uni augmentent, et Euler Hermes anticipe une hausse de +5% en 2017 et +6% en 2018.

Deux secteurs montrent actuellement des signes de faiblesses au Royaume-Uni étant donné la forte dégradation du pouvoir d’achat des ménages: (i) le commerce de détail, dont les ventes n’ont cru que de +2,1% a/a, moitié moins par rapport à l’année dernière ; (ii) le secteur de la construction où la croissance des prix de ventes dans le résidentiel a ralenti à +0,6% a/a en mai 2017 (+5,1% a/a l’an passé), et le nombre de prêts immobiliers octroyés s’est contracté de -3% a/a. Un ralentissement qui est d’autant plus inquiétant pour ces secteurs étant donné les perspectives à la baisse du pouvoir d’achat des ménages britanniques.

Une incertitude croissante qui freine les velléités des investisseurs étrangers

A fin mai, le nombre de fusions-acquisitions au Royaume-Uni a augmenté de +6% a/a. Mais dans le même temps, la valeur totale de ces opérations s’est contractée de -35% a/a. « Le vote pro-Brexit incite les investisseurs étrangers à plus de prudence. Pourquoi investir des montants conséquents au Royaume-Uni avant d’en savoir plus sur les futures relations commerciales entre le pays et l’UE ? Sans perspectives claires sur le futur britannique, beaucoup d’opérations ont été mises en attente. Ainsi, le nombre d’opérations de fusions-acquisitions mises en suspens a augmenté de +73% a/a à fin mai 2017 », conclut Ana Boata. Finalement, le PIB du Royaume-Uni ne devrait croître que de +1,4% en 2017 et +1% en 2018, après +1,8% en 2016.



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