Le déficit commercial français attendu à -70 Mds EUR en 2018

Le déficit commercial français s’est creusé de -14 Mds EUR en 2017, atteignant désormais -62,6 Mds EUR (2,7% du PIB). Ce chiffre s’explique surtout par une hausse de 11 Mds EUR des importations énergétiques françaises, liée à la fermeture des centrales nucléaires au T1 2017, et à l’augmentation du prix du pétrole à 54,2 USD le baril en moyenne en 2017 (43,5 USD en 2016). Pourtant, selon Euler Hermes, la conjoncture économique était plutôt favorable aux entreprises françaises l’an passé.

« La dynamique des exportations françaises est loin d’être mauvaise. Les exportations de biens ont augmenté de +4,5% en 2017, soit +20,3 Mds EUR, alors qu’elles avaient baissé de -2,5 Mds EUR en 2016. Nos exportateurs ont su saisir les opportunités qui s’offraient à eux, notamment vers l’Union Européenne (+9 Mds EUR en 2017). L’Italie a été la destination plébiscitée par les entreprises tricolores l’an passé (+2,8 Mds EUR), suivie par l’Espagne (+2,4 Mds EUR). La vraie surprise, c’est que nos exportations vers l’Allemagne se sont contractées (-2,8 Mds EUR). Côté Royaume-Uni, l’impact du Brexit n’est pas encore visible (-0,1 Md EUR) », détaille Stéphane Colliac, économiste France chez Euler Hermes.

Les trois secteurs ayant profité de la croissance des exportations françaises l’an passé sont l’automobile (+4,2 Mds EUR), les machines et équipements (+3,3 Mds EUR) et l’agroalimentaire (+2,8 Mds EUR).

Malgré un contexte porteur, le déficit commercial français se creusera encore en 2018

Le leader mondial de l’assurance-crédit estime que le déficit commercial français devrait à nouveau se creuser en 2018, à -70 Mds EUR (3% du PIB). Les exportations françaises de biens devraient pourtant encore croître cette année (+21 Mds EUR), soutenues par le dynamisme de la croissance économique en zone euro (+2,2%), aux Etats-Unis (+2,6%) et en Asie (+5%).

« L’Union Européenne cristallisera encore la majeure partie de cette demande additionnelle adressée à la France. Nos exportateurs pourront aller chercher de nouveaux débouchés en Allemagne, où +4,1 Mds EUR de biens sont à saisir, aux Pays-Bas (+1,5 Mds EUR) et en Belgique (+1,5 Mds EUR). Côté Grand Export, les Etats-Unis (+1,9 Mds EUR) et la Chine (+1,1 Mds EUR) offrent de belles perspectives pour les entreprises françaises, ne serait-ce que par la taille du marché et par leur dynamisme économique » abonde Stéphane Colliac.

Au niveau sectoriel, c’est encore les machines et équipements (+5,5 Mds EUR), l’agroalimentaire (+4,4 Mds EUR) et l’automobile (+2,2 Mds EUR) qui profiteront de ce surplus de demande externe.

Si le déficit français doit s’accentuer l’an prochain, il le doit à deux facteurs. D’une part, la croissance économique de la France (+2,1% en 2018) entrainera logiquement une hausse des importations tricolores, attendue à +28,5 Mds EUR. De l’autre, le prix du pétrole sera une nouvelle fois plus élevé (64 USD le baril), et affecter davantage la facture énergétique française. « Finalement, on constate que malgré un contexte conjoncturel porteur, la France souffre encore et toujours de faiblesses structurelles, comme sa dépendance énergétique. C’est ce qui nous empêche d’inverser la tendance pour le moment », conclut Stéphane Colliac.